En pointant les lacunes des tests de résistance, le célèbre quotidien accuse les banques d’avoir sous estimé leur exposition à la dette souveraine.
En clair, pour mesurer l'exposition des banques au risque souverain, les tests n'ont pris en compte que les « trading books », c’est-à-dire les portefeuilles qui rassemblent les titres destinés à être revendus à plus ou moins court terme. Dans leurs tests, les banques ont exclu les titres contenus dans les banking books, les portefeuilles des banques, qui rassemblent des titres, dont les obligations d'Etat généralement conservés jusqu'à échéance. Et c'est justement dans ces derniers portefeuilles que se trouve la majorité de l'exposition à la dette souveraine. Le risque est donc clairement sous-estimé.
Ainsi, d’après la Banque des règlements internationaux (BRI), les banques françaises détenaient, au 31 mars, 35 milliards d'euros de dettes de l'Etat espagnol et 20 milliards d'euros de dettes de l'Etat grec. Or, selon les «stress tests», Crédit Agricole, Natixis, BNP Paribas et Société Générale, n'en détenaient que 6,6 milliards d'euros en ce qui concerne la dette Espagnole, et 11,6 milliards pour la Grèce. Déjà vivement critiqués par le passé, les tests de résistances perdent définitivement leur crédibilité vis-à-vis des investisseurs. La finalité de ces tests, qui était de rassurer les marchés sur la santé du système bancaire européen en jouant la transparence absolue, est remise en cause. Les investisseurs ne s’y trompent pas. Crédit agricole, particulièrement exposé au risque souverain grec, dégringole en bourse.
Parallèlement, ces lacunes sont mises en lumière alors que d'importantes négociations ont lieu sur les nouvelles normes bancaires qui seront décidées dans le cadre de Bâle III. La réunion du comité devrait mettre en place des normes de fonds propres plus strictes pour les banques. Le ratio de solvabilité Tier one, imposé aux banques, serait de 9%, incluant en matelas de protection de 3%.
Parallèlement, au moins 5% du Tier one devrait être constitué de fonds propres purs, donc mobilisables à tout moment. Ces normes, plus strictes que prévues, ont dérouté les institutions. Ainsi, les banques françaises devraient se recapitaliser à hauteur de 150 milliards d’euros, afin de
respecter les nouvelles exigences en termes de fonds propres. « Ces mesures sont déraisonnables. Elles vont assécher le marché interbancaire et anéantir la croissance qui n'est déjà pas très élevée. Le régulateur va dans la direction qu'il fallait justement éviter » s’alarme Michel Pébereau, PDG de BNP Paribas.
Parmi celles qui devront lever des fonds, la National Bank of Greece, la plus importante de Grèce, empruntera sur les marchés 2,8 milliards d’euros. Une partie, 358 millions, servira à rembourser legouvernement grec qui avait injecté des fonds. La finalité de cette recapitalisation était de rassurer les investisseurs sur la santé du secteur bancaire. C’est manifestement l’effet inverse qui s’est
produit, en témoigne l’indice sectoriel grec des bancaires qui a dégringolé de 5 %. L’indice paneuropéen des bancaires abandonne quant à lui 1,3%, affecté par le regain d’incertitude sur la solidité du système bancaire européen.