Valeurs refuges, l’or et l’argent vont de record en record. Au plus haut depuis 31 ans, l’argent a vu son cours s’envoler de 100% en l’espace de 6 mois. Le métal a en effet dépassé le seuil symbolique des 46 dollars la semaine dernière, à quelques encablures de son record absolu de 50 dollars qui date des années 80.
Après avoir progressé de 29% en 2010, les cours de l’or battent également record sur record. Il ne manquait plus qu’un petit coup de pouce de l’agence de notation S&P qui place sous perspective négative la note de la dette des Etats-Unis pour que l’once franchisse pour la première fois le cap de 1500$ l’once. Force est de constater que depuis 9 ans, le cours de l’argent à été multiplié par 10 tandis que le métal jaune a vu son prix quintupler. Pourquoi une telle envolée de ces deux métaux ?
L’argent et l’or sont considérés comme des valeurs refuges en période d’inflation et d’aversion au risque. Dans les deux cas de figure, ces deux métaux sont gagnants. Soit la reprise de l’économie mondiale s’accélère ce qui provoque une hausse de l'inflation et donc une hausse de l'or, valeur anti-inflation par excellence. Soit l'économie replonge avec l’instabilité géopolitique, la résurgence des crises des dettes souveraines, et dans ce cas l'or est le seul rempart pour se protéger. Dans les deux scénarios, le cours est appelé à grimper. D’autant plus que les banques centrales, notamment celles des pays émergents cherchent à diversifier leurs réserves en achetant ces deux métaux précieux afin d’être moins dépendant du dollar. Signe qui ne trompe pas, les importations du métal jaune par la Chine ont été multipliées par six en 2010.
Mais surtout, l’envolée de l’or traduit un sentiment de défiance généralisée à l’encontre des fondamentaux de l’économie mondiale. A commencer par les Etats. Longtemps considérés comme des placements refuges, les obligations souveraines n’inspirent plus autant confiance depuis que l’on a pris conscience que la faillite d’un Etat n’était pas une hérésie.
Voila pourquoi la relique barbare a franchit un record absolu à 1505$ l’once. Et il semblerait que le métal jaune ait encore de beaux jours devant lui. D’abord parce que le rythme de l'inflation s'accélère rapidement. Sur un an en mars, la hausse de l'IPC américain atteint 2,7%, contre "seulement" 2,1% sur un an en février. Idem pour l'inflation dans la Zone euro dont le taux d'inflation annuel progresse de 2,7% sur un an en mars, contre 2,4% sur un an en février.
Une inflation directement liée à l'injection de liquidités de la Fed qui a également pour effet de dévaluer le dollar. Or historiquement, le métal jaune évolue à contre courant du dollar. Puisque le billet vert ne cesse de se déprécier, l’or elle grimpe en flèche. Ce qui provoque une hausse mécanique des prix des matières premières libellées en dollars (comme le pétrole ou l’or).
Cependant, à y regarder de plus près, et contrairement à ce que l’on dit, l’once d’or, convertie en euro, soit 1029 euros, n’a pas franchit ses plus hauts annuels. En effet, selon les fixings de Londres, le record absolu de l'once d'or en euros, soit 1.048,03 euros, remonte toujours au 8 juin dernier, en pleine crise grecque. La crise de l’endettement public des Etats étant toujours d’actualité, l’appétit pour le métal jaune ne devrait pas se démentir.