Mardi 30 août

L'Institut international des normes comptables (IASB) s'inquiète ouvertement des différentes méthodes utilisées par certaines entreprises européennes pour valoriser et passer des dépréciations sur les titres de dette publique grecque.

Selon l’IASB, certaines institutions financières européennes pourraient avoir de mauvaises surprises dans la mesure où elles n’ont pas enregistré suffisamment de dépréciation d’actifs pour participer à la « restructuration » de la dette grecque.

Dans une lettre adressée à l'Autorité européenne de contrôle des marchés (Esma), l'IASB met en garde les régulateurs contre le recours par certaines entreprises à des méthodes internes de valorisation de la dette publique de la Grèce plutôt que par utilisation des prix de marché. Or, les normes comptables imposent d’apprécier les actifs au prix de marché, et non à travers des méthodes internes de valorisation, mais ce faisant, elles représentent un facteur d’incertitude du fait même de cette dépendance aux conditions de marché qui se sont considérablement détériorées en aout.

L'Institut international des normes comptables ne cite pas nommément les entreprises en question. Mais d'après le Financial Times, la lettre de l'IASB vise les banques et les compagnies d'assurance européenne, et pointe en particulier BNP Paribas et CNP Assurances.

Ces établissements français auraient dû par conséquent passer des provisions et des dépréciations plus importantes sur la dette souveraine grecque lors de la publication de leurs derniers résultats.

Mettant en avant la faible liquidité de la dette grecque, certains établissements (dont BNP Paribas) ont valorisé leur exposition sur la base d’un mark to model limitant la décote à 21%, soit 37 milliards d’euros au total. Or,l’IASB considère que même si le nombre de transactions sur la dette grecque s’est réduit, il y a toujours un marché liquide. Pourtant, BNP et l'assureur français CNP assurances ont chacun annoncé des décotes de 21% sur leurs actifs grecs, comme convenu fin juillet lors du dernier plan d'aide à Athènes.

Début août, BNP Paribas, qui a passé une charge de 534 millions d'euros sur la Grèce dans ses comptes du deuxième trimestre, a expliqué avoir valorisé ses titres de dette grecque en appliquant un modèle interne de valorisation plutôt qu'en utilisant leurs prix sur le marché, jugés "non représentatifs" par la banque. Or, cette méthode de valorisation interne est erronée, dans la mesure où elle ne reflète pas ce qu’on appelle dans le jargon le « fair value », autrement dit, la valorisation du marché.

D’ailleurs, les établissements financiers, qui ont respecté la méthodologie du fair value, comme Royal Bank of Scotland, ont opté pour des décotes beaucoup plus lourdes, de l'ordre de 50%, alors que BNP n’a déprécié que 21% de ses actifs grecs.

Au total, par des méthodes comptables différentes, les banques européennes ont déprécié quelque trois milliards d'euros sur leurs obligations grecques. Mais, selon les calculs de Citigroup, on est très loin du compte, les banques européennes pourraient encore devoir passer 6,65 milliards d'euros sur la Grèce, un montant deux fois plus important que ce qui était prévu. En clair, les banques européennes ont largement sous estimé l’impact des dépréciations d’actifs grecs dans leur comptes, ce qui pourrait se retourner contre elles, impacter leurs performances et a fortiori leur solidité.

D’où l’absolue nécessité d’avoir des banques suffisamment capitalisées pour passer des dépréciations d’actifs de 50% voir plus et non de 21% sur la dette grecque.

On comprend mieux pourquoi Christine Lagarde jugeait les banques européennes sous capitalisées. Ce n’est pourtant pas l’avis de la Commission européenne qui a jugé mardi inutile de recapitaliser les banques du vieux continent au-delà de ce qui avait été convenu à la suite des tests de résistance menés cette année.

A la Bourse de Paris, l'action BNP Paribas, se maintient en territoire positif pour grappiller 0.26% à 34,48 euros. CNP Assurances est à l’équilibre (+0.08%), à 12,335 euros.

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