Le secteur bancaire subit de lourds dégagements ce matin. Société générale chute de 4.8%, BNP -3.95%, Natixis -3.58%, Crédit agricole dégringole de 3.44%. C’est encore et toujours la dette souveraine grecque qui suscite la défiance du marché.
Alors que la récession s’annonce plus grave encore qu’anticipée, Athènes ne pourra pas atteindre ses objectifs d’assainissement budgétaire fixés par la troïka. Dans ce contexte, la question du degré de participation du secteur privé dans la restructuration de la dette grecque cristallise l’ensemble des inquiétudes. Parmi les pistes évoquées figure notamment la possibilité que le programme d'échange de dettes mis en place pour venir en aide à la Grèce porte également sur des emprunts d'Etat avec des échéances allant jusqu'en 2024, contre 2020 initialement. Un tel cas de figure aurait de fait signifié des dépréciations supplémentaires sur les actifs détenus par les banques françaises, qui sont parmi les plus exposées à la Grèce en Europe. C’est en tout cas l’avis de l’IASB (l'Institut international des normes comptables) qui s’est ouvertement inquiétée des différentes méthodes utilisées par certaines banques européennes pour valoriser et passer des dépréciations sur les titres de dette publique grecque. Selon l’IASB, l’accord qui prévoyait que les acteurs qui participent à l’échange de dette grecque obtiennent une décote de 21% sur leurs actifs est insuffisant. Les banques n’auraient pas enregistré suffisamment de dépréciation d’actifs pour participer à la « restructuration », ce qui relance les craintes sur la solidité du secteur bancaire.
Dans la même veine, Christine Lagarde, directeur du FMI avait lancé un pavé lors de la conférence de Jackson Hole en appelant à une recapitalisation « substantielle » des banques européennes, une recapitalisation chiffré à 200 milliards d’euros.
Les tensions se cristallisent ce matin autour du secteur alors que le climat boursier s’annonce orageux. Signe de défiance, l’indice itraxx qui mesure l’évolution des CDS sur le secteur bancaire bondit de 26 point de base pour s’inscrire à 712 points.
Par ailleurs, la FHFA, une agence fédérale américaine dédiée au financement du logement, a porté plainte sur 17 établissements financiers mondiaux pour leur rôle durant la crise des crédits immobiliers risqués, dits "subprime". L'objectif de l'agence est de récupérer les pertes colossales accumulées par les garants hypothécaires alors semi-publics Fannie Mae et Freddie Mac pendant cette crise. Les deux groupes avaient dû être nationalisés pour éviter leur faillite. La Société Générale aurait vendu 1,3 Md$ de produits "subprime" aux deux créanciers hypothécaires. La banque la plus active en la matière était JP Morgan avec 33 Mds$ de produits écoulés.
En définitive, les nuages s’accumulent sur le secteur bancaire européen qui suscite de plus en plus la défiance sur les marchés. Rien d’étonnant à constater que les valeurs bancaires européennes s’inscrivent largement en territoire négatif.