Les indicateurs mensuels tombés aujourd'hui sur les indices de l'activité manufacturière et des services en Europe sont sans ambiguité : 48.5 pour le PMI de la zone euro. Désormais, il n'est plus question de simple "ralentissement de la croissance", ou de reprise "molle", mais d’une contraction.
Plus généralement, le risque que l'économie américaine ralentisse encore, et que la crise de la dette souveraine s'aggrave est une menace potentielle pour la croissance économique mondiale, qui reste affaiblie trois ans après la crise financière mondiale », a déclaré Zhu Min le directeur général adjoint du Fonds monétaire International.
Après avoir abaissé il y a deux semaines ses prévisions, le FMI table désormais sur un ralentissement de la croissance mondiale à environ 4% cette année et l'an prochain, contre 5% en 2010. En clair, les risques à la baisse par rapport aux projections du FMI pour la croissance économique mondiale ont augmenté dernièrement, comme l’indique Zhu Min. "L'un de ces risques est que l'activité économique déjà faible aux Etats-Unis perde encore de l'élan. Un autre risque est que la crise dans la zone euro devienne incontrôlable, malgré les mesures fortes convenues par les dirigeants de la zone euro en juillet 2011," a-t-il déclaré lors d'un discours à Tokyo.
Zhu Min a également noté que la crise financière mondiale et la forte récession qui a suivi ont fortement entamé l'équilibre des finances publiques dans les économies avancées, où la dette publique brute moyenne devrait dépasser 100% du produit intérieur brut d'ici la fin de l'année, pour la première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale.
"Les pays subissant la pression des marchés n'ont pas d'autre choix que de commencer dès maintenant à significativement réduire leur déficit. Les autres ont peut-être la possibilité d'une consolidation plus progressive, en rapport avec le cycle économique, du moment qu'ils peuvent s'engager de façon crédible à faire baisser leurs ratios de dette à moyen terme", a-t-il déclaré.
Zhu Min a averti que les inquiétudes des marchés financiers au sujet des dettes publiques ne se limitaient plus aux petites économies de la zone euro, malgré les avancées réalisées dans la réduction des déficits. Le FMI s'attend à ce que les déficits dans la zone euro baissent en moyenne de 1,25% du PIB cette année, la consolidation budgétaire progressant rapidement en Grèce, en Irlande et au Portugal, avec le soutien financier du FMI et de l'Union européenne, a-t-il indiqué.
Les Etats-Unis ne devraient pas beaucoup avancer dans le redressement de leurs finances publiques cette année, mais le déficit devrait enregistrer une baisse marquée en 2012, a-t-il ajouté.
En revanche, il s’inquiète d’ "Un retrait brutal des mesures de relance budgétaire au moment même où les risques à la baisse pour la croissance restent importants. L'adoption d'une stratégie appropriée d'ajustement budgétaire à moyen terme aux Etats-Unis permettrait un ajustement budgétaire plus progressif, qui conviendrait mieux aux perspectives de croissance incertaines", a expliqué Zhu Min.
L'augmentation du déficit public au Japon, liée aux coûts induits par les catastrophes naturelles de mars dernier, renforce la nécessité d'élaborer des mesures spécifiques et détaillées pour une réforme à moyen terme, notamment une réforme de la sécurité sociale et une réforme fiscale, a-t-il souligné.
Il n’en reste pas moins que les économies avancées de la planète devraient rester fragiles pendant plusieurs années, dans la mesure où il faut du temps pour résoudre les problèmes de dette, a déclaré un économiste du Fonds monétaire international Abdul Abiad.
"Mon opinion est que de nombreuses économies avancées resteront fragiles pendant une période prolongée, simplement parce que l'on ne peut pas se débarrasser des déséquilibres budgétaires du jour au lendemain", a-t-il déclaré à la presse à Singapour. "Je ne dirais pas pendant des décennies - ce serait peut-être trop long. Je dirais pendant plusieurs années."
Tout en soulignant la nécessité d'une réponse vigoureuse des économies développées, faute de quoi la situation pourrait se détériorer rapidement, le FMI n’hésite plus à qualifier, à juste titre, les perspectives de l'économie mondiale de "moroses".