Le fonds de secours de la zone euro (FESF) a dû suspendre une émission de 3 milliards d'euros d'obligations à 10 ans en raison de la volatilité exceptionnelle provoquée par la décision du Premier ministre grec Georges Papandréou d'organiser un référendum sur le plan de sauvetage pour la Grèce.
Or, le Fonds européen de stabilité financière a besoin que l'opération soit un succès pour asseoir sa légitimité car même une entité supranationale notée triple A comme le FESF peut rencontrer des difficultés dans des conditions aussi adverses que celles qui ont prévalu cette semaine. Le taux des Bunds à 10 ans a chuté de 0,26 point de pourcentage mardi - l'un des plus forts mouvements jamais enregistrés- alors que parallèlement les actions ont dégringolé, mettant les nerfs des investisseurs à rude épreuve.
Si le FESF bénéficie du soutien de puissants investisseurs, comme le Japon, les obligations déjà émises par le FESF ont enregistré de faibles performances en comparaison des Bunds allemands. L'écart de rendement entre l'obligation à échéance en juin 2021 et le Bund de même maturité s'est creusé à 1,5 point de pourcentage, contre 0,57 point mi-juin.
Les modifications du rôle et de la structure du FESF ont changé la donne pour les investisseurs. Le fonds est sur le point de devenir encore plus complexe, ce qui n’est pas de nature à rassurer. La Chine par exemple, est réticente à l’idée d’investir dans le fonds européen tant que certains points ne sont pas éclaircis. L’une des solutions envisagée est de l’utiliser pour assurer des emprunts d'Etat ou pour fournir des capitaux à des entités ad hoc créées pour acheter des obligations de la zone euro.
On a encore peu de détails sur la manière dont il pourrait remplir ces rôles. En attendant, la crise de la zone euro s'est encore aggravée, ce qui fait qu'une plus grande partie de la capacité de prêt et de garantie du FESF pourrait être utilisée.
Cela soulève le risque que les pays de la zone euro se retrouvent en situation de devoir honorer les garanties qu'ils ont apportées, ce qui conduit les investisseurs à considérer la solvabilité des souverains.
Le rôle initial du FESF - emprunter pour le compte de pays en difficulté comme l'Irlande et le Portugal qui ne peuvent plus se refinancer eux-mêmes sur le marché - signifie qu'il n'y a pas de place pour un échec de ses émissions obligataires. Une véritable perte de confiance dans le FESF risquerait de faire capoter le mécanisme anti-crise déjà mal en point de la zone euro. Le FESF ne doit pas se retrouver à nouveau victime de la volatilité.