Le sommet européen a fait un premier pas dans la construction d’une union économique, mais les solutions envisagées pour juguler la crise à court terme manquent à l’appel. Le sujet épineux du renforcement de la force de frappe du FESF est resté notamment à la marge du sommet. Si certaines solutions ont été discutées dans la nuit de jeudi à vendredi pour renforcer ce pare-feu, la mise en pratique n’est pas pour demain.
La zone euro a tout de même annoncé qu'elle réexaminerait en mars le plafond de 500 milliards d'euros fixé pour la capacité combinée du Fonds européen de stabilité financière (FESF) et le Mécanisme européen de stabilité (MES).
Les pays membres de l'union monétaire vont en outre étudier la possibilité d'un apport supplémentaire de 200 milliards d'euros au Fonds monétaire international (FMI).
Une des pistes envisagées consisterait à doter le MES d'une licence bancaire ce qui lui permettrait ainsi de s'approvisionner au guichet illimité de la Banque centrale européenne. Mais Berlin a obtenu le retrait de cette hypothèse qui figurait dans un projet de déclaration.
L'Allemagne a également refusé que les euro-obligations qui consistent à mutualiser les dettes au sein de la zone euro ne soient évoquées dans une déclaration finale du sommet, ne serait-ce que comme une possibilité à long terme.
Les euro-obligations sont pourtant jugées par de nombreux économistes comme une des rares mesures susceptibles de calmer les marchés. Le président de l'UE, Herman Van Rompuy et celui de la Commission européenne José Manuel Barroso avaient proposé d'ouvrir la porte à leur mise en place, même à moyen terme. En effet, contrairement à Paris et Berlin, Herman Von Rompuy juge que la réforme des traités ne doit venir que dans un second temps, une fois la situation stabilisée, ce qui n’est pas le cas.
En attendant, la zone euro n'a plus d'autre choix que de se tourner vers la Banque centrale européenne pour jouer le rôle de prêteur de dernier ressort, et vers le Fonds monétaire international. Les Européens se sont mis d'accord pour renflouer le FMI à hauteur de 200 milliards d'euros pour qu'en retour il vole au secours de la zone euro. Mais cette solution ne suffira pas à résoudre la crise de la dette.
Reste donc le recours à la BCE. Son président, Mario Draghi, a qualifié les mesures de discipline budgétaire prises lors du sommet de "très bon résultat pour la zone euro" mais pas question de financer les déficits des Etats.
Une chose est sure, le sommet de l'UE ne rassure pas les marchés obligataires. Les taux italiens restent élevés même s’ils sont redescendus par rapport aux sommets atteints plus haut en séance, grâce à l'intervention de la Banque centrale européenne, qui a acheté dans la matinée de la dette du pays.
Le taux des obligations italiennes à 10 ans montait de 20 points de base, à 6,58% en fin de matinée, après avoir atteint plus tôt 6,65%, tandis que celui des obligations à deux ans augmentait de 3 points de base, à 6,06% ;
Parallèlement, le taux espagnol à 10 ans se tendait de 11 points de base, à 5,84%, et celui des obligations françaises de même maturité progressait de 5 points de base, à 3,28%.