Benoît Coeuré, pressenti au poste du directoire de la Banque centrale européenne, après le départ de Jean-Claude Trichet, a indiqué lundi que le programme de rachats d'obligations de la BCE pourrait devoir être modifié, voire augmenté, même s'il a rappelé qu'il s'agissait d'un programme temporaire et que la mission principale de la BCE était de garantir la stabilité des prix.
"Si la BCE voit que la situation évolue sur le marché et constate une détérioration de la transmission de la politique monétaire, il sera nécessaire qu'elle prenne des mesures supplémentaires", a-t-il expliqué lors d'un discours devant le Parlement européen.
Benoît Coeuré, qui a reçu le feu vert du conseil des gouverneurs de la BCE et des ministres des Finances de la zone euro pour succéder à Lorenzo Bini Smaghi au directoire de la BCE en janvier, est directeur général adjoint du Trésor français et chef économiste du ministère de l'Economie.
Son audition devant le Parlement a été suivie très attentivement par les marchés, qui tentent de déterminer quelle sera sa position sur la politique de la BCE alors que l'Europe tente de mettre un terme à la crise.
Benoît Coeuré a donc déclaré que le programme de rachat d'emprunts d'Etat de la BCE - le Programme pour les marchés de titres - avait eu un impact positif sur les marchés en limitant les écarts de taux entre les différents pays de la zone euro et en protégeant la valeur des obligations souveraines dans le système financier.
Il a toutefois souligné qu'il s'agissait d'une mesure temporaire.
"La banque centrale doit se préparer au moment où elle devra retirer ces mesures", a-t-il expliqué. Ce moment pourrait arriver en 2012, ou plus tard, a-t-il ajouté.
"Nous devons être raisonnables et pragmatiques. Il faudra du temps pour que la situation revienne à la normale sur les marchés".
Benoît Coeuré a par ailleurs réitéré l'appel à respecter l'indépendance de la BCE, et a déclaré que la banque centrale devait parler d'une seule voix et ne pouvait pas décider de sa politique en coordination avec les gouvernements. La BCE doit par ailleurs veiller à ne pas procéder à des achats obligataires qui ne correspondraient pas à son mandat de préservation de la stabilité des prix, a-t-il affirmé.
La BCE, qui s'est abstenue de s'engager à augmenter ses rachats d'emprunts d'Etat, a cependant annoncé la semaine dernière deux opérations de refinancement illimité à 36 mois pour les banques européennes.
Benoît Coeuré a expliqué que le marché n'avait pas encore pris en compte l'ampleur de ces mesures qui, d'après lui, donneront aux banques européennes la stabilité et la crédibilité dont elles ont besoin pour acheter des dettes souveraines et financer l'économie.