Depuis le début de l’année, les assureurs déclarent un à un le rendement de leur(s) fonds euros en 2010, ainsi que l’éventuel taux garanti pour 2011. Même si un certain nombre d’assureurs manque à l’appel, on sait déjà que les rendements devraient être en baisse en 2010, comme pour 2009 et 2008, et que cette tendance devrait se poursuivre en 2011, vu le fonctionnement particulier de ce véhicule d’investissement.
Les rendements poursuivent leur baisse
Pour la troisième année consécutive, les rendements des fonds euros des contrats d’assurance vie sont en baisse en 2010
Comme en 2009, le rendement des assurances a ralenti sa chute en 2010 puisqu’il devrait s’établir entre 3.30% et 3.40% cette année, alors qu’il était de 3.70% en 2009 et de 4.20% en 2008. La plus forte baisse a en fait eu lieu en 2008 puisque le taux moyen avait perdu 0.7 point cette année là.
Mais cette année, la baisse est généralisée à tous les contrats. La seule exception est l’assureur Generali dont la plupart des contrats ont connu une légère hausse de rendement en 2010, de l’ordre de 0.05%. E-cie vie, la filiale de Generali dédiée aux contrats sur internet, a ainsi réussi à maintenir le rendement de ses contrats au dessus de 4% (à 4.10% contre 4.05% en 2009), non loin des meilleurs contrats.
Les taux s’étendent de 2.85%, le taux le plus bas sur un livret de la Macif, à 4.51%, le taux le plus élevé chez la jeune compagnie Axéria vie. Le rendement du contrat Coralis sélection d’Axa, qui était plutôt bon en 2009, à 4.45%, a connu une forte baisse en 2010 pour s’établir à 2.86%. Autre forte baisse, les contrats du groupe Groupama Gan qui ont perdu 0.6 point et s’établissent à 3.10%, et les contrats d’Allianz, qui ont perdu 0.4 point et se situent à 3.20%. Parmi les taux les plus bas, on retrouve les contrats d’Assurances Banque populaire vie et LCL et HSBC. Les rendements de ces contrats ont peu baissé par rapport à 2009 (de 0.1 à 0.2 point), mais ils faisaient déjà partie des derniers de la classe en 2009.
D’autres contrats sont plus décevants, car même si le rendement 2010 est supérieur, la baisse entre 2010 et 2009 a été importante. C’est le cas par exemple du contrat de Skandia qui contient 4 fonds euros qui ont connu des baisses comprises entre 0.4 et 0.7 points. C’est également le cas d’ACMN Vie et AXA, qui distribuent un grand nombre de contrats dont beaucoup ont baissé de plus de 0.5 points. Enfin, les contrats d’Apicil ont perdu 0.68 points en 2010, alors qu’ils faisaient partie des meilleurs taux en 2009, offrant 4.70%. Ils restent malgré tout bien au dessus de la moyenne.
Il y a par contre peu de satisfactions. Suravenir a quand même réussi à maintenir son taux au même niveau que l’année dernière à 4.10%. On notera également les bonnes performances de Dolcea Vie (BforBank), Mutuelle d'Ivry La Fraternelle, ProBTP et Maaf, dont les rendements ont légèrement baissé mais se situent tous au dessus de 4.10%.
Comme l’année dernière, le meilleur rendement a été servi par Axeria vie. Le taux s’est ainsi élevé à 4.51%, contre 5.01% en 2009, ce qui fait quand même une baisse de 0.5 point.
Pourquoi les rendements baissent ?
Le fonds euro n’est pas un OPCVM et sa gestion va différer des SICAV monétaires et fonds obligataires. A l’inverse de ces OPCVM, le fond euro est garanti par les assureurs. Cette garantie est « à effet cliquet », ce qui signifie que les gains réalisées chaque année sur le contrat sont définitivement acquis et rentrent donc dans le capital garanti par l’assureur. Comme c’est un fonds garanti, les assureurs investissent en majorité dans des titres sûrs, tels que des obligations d’Etats, qui sont alors généralement conservées jusqu’à échéance. Les obligations représentent environ 75% du fonds. Le quart restant est investi dans des produits plus risqués (actions, OPCVM, immobilier etc.).
La performance réalisée par ces fonds en euros provient donc essentiellement des coupons qui sont distribués par les obligations en portefeuille, voir le dividende des actions détenues. Cette performance est bonifiée ou pénalisée par la partie risquée du portefeuille (plus ou moins value). Enfin, le taux distribué par les assureurs n’est pas forcément égal à la performance réalisée par le fonds euros. En effet, les assureurs peuvent mettre une partie de leur bénéfice de côté : c’est ce qu’on appelle le compte de réserve « provision pour participation aux excédents » (PPE). Le gestionnaire distribue alors une partie et provisionne l’autre. Lorsque le rendement est plus faible une année, l’assureur peut piocher dans le PPE afin d’offrir un taux de rendement stable. La gestion de la PPE est un enjeu capital pour les assureurs. En effet, les souscripteurs de contrat d’assurance-vie préfèrent généralement des contrats avec un taux stable d’une année sur l’autre (même s’il diminue un peu au fil des ans). Cela prouve une régularité dans la gestion.
Les fonds en euros sont victimes de la baisse continue des taux obligataires. En effet, les assureurs collectent chaque année sur les fonds euros des dizaines de milliards d’euros qu’ils investissent dans des emprunts d’Etats dont les coupons sont de plus en plus bas.
L’an dernier, du fait des inquiétudes sur les pays périphériques de la zone euros, les taux des obligations des Etats français et allemands ont ainsi atteint des records historiques de faiblesse, à 2.4% pour le taux à 10 ans français. Du coup la rentabilité moyenne des obligations à l’actif du fonds euros diminue, d’autant que les veilles obligations, détenues depuis plus de 10 ans en portefeuille et très rentables, commencent à arriver à échéance. Par conséquent les assureurs doivent acheter des nouvelles obligations pour placer les nouvelles collectes, mais aussi pour remplacer les obligations arrivées à échéance.
La baisse va-t-elle se poursuivre pour 2010 ?
Dès aujourd’hui, certains assureurs proposent aux souscripteurs un rendement minimum garanti sur l’année. Il faut cependant être prudent et se méfier des effets d’annonce. Le taux garanti n’engage pas l’assureur pour toute la durée du contrat mais uniquement sur l’année. De plus, il ne s’applique pas pour toutes les sommes placées sur le contrat mais uniquement pour les versements effectués à compter de son annonce.
L’assureur se base sur le rendement moyen de son portefeuille obligataire, et éventuellement la PPE pour garantir ce taux. Les taux annoncés nous donnent donc une indication sur les rendements attendus pour 2011. Les taux garantis pour 2011 sont en forte baisse. Les meilleurs taux sont promis par Hedios et Altaprofit et s’élèvent à 3%. Les autres tournent plus autour de 2.50%, voire moins. Surtout, beaucoup d’assureurs ont choisi cette année de ne pas publier de taux garanti. L’année 2011 s’annonce donc très indécise.
Au-delà des taux garantis, les rendements distribués par les assureurs auront du mal à remonter tant que le taux des obligations ne remontera pas. Même si les taux français et allemands ont connu une légère remontée ces derniers temps, notamment à cause de l’inflation, les assureurs ont besoin d’une hausse spectaculaire des rendements pour ne pas avoir à puiser dans leurs réserves. Ils se tournent alors vers d’autres produits.
Certains assureurs n’hésitent alors pas à investir une partie de leur actif dans des actions. Mais même avec un fort rebond des actions en 2009, le rendement des fonds euros avait baissé cette année. Ceci s’explique par le fait que le fonds euros étant un fonds garanti, les assureurs ne peuvent placer une part trop importante de leurs actifs dans des actions, risquées. Même Le conservateur, détient même entre 10 et 15% d’actions dans son portefeuille avait vu son rendement baisser en 2009
L’immobilier est une autre solution choisie par les assureurs pour augmenter leur rendement. Il représente environ 3% des placements des assureurs vie. Parmi eux qui en détiennent le plus, il y a Generali et Suravenir, ce qui explique pourquoi leurs rendements se sont maintenus en 2010.
Enfin, certains assureurs ont préféré rester investis en obligations, mais ont jeté leur dévolu sur des obligations d’entreprises, on d’émetteurs souverains en difficultés (Grèce, Espagne, Italie) à des conditions très attractives. C’est le cas par exemple d’Axeria qui a souscrit à beaucoup de ces obligations en 2008 et qui offre aujourd’hui un excellent rendement. Mais compte tenu des risques qui sont apparus sur ces pays, les assureurs ont quand même limité leurs investissements dans ces produits. Pas plus de 10%.
Ainsi, malgré certaines solutions pour doper leurs performances, les assureurs ne peuvent espérer qu’une hausse des taux pour voir leur rendement monter en 2011.
Plus que jamais la sélection de leur contrat va être un enjeu essentiel pour les particuliers. Les souscripteurs ont intérêt à privilégier les contrats qui ont offert une performance satisfaisante en 2010, en portant une attention particulière à l’évolution du rendement par rapport à 2009 et 2008. Le fait que le rendement d’un contrat soit resté relativement stable sur une année prouve que l’assureur dispose encore d’un portefeuille attractif, et éventuellement de réserve lui permettant de continuer à offrir des rendements stables.