Fondée en 2005, Adocia est une société lyonnaise de biotechnologie spécialisée dans la reformulation de protéines. Elle s’est concentrée sur le traitement des plaies chroniques (ulcère du pied diabétique ou veineux) et sur le traitement du diabète par l’insuline.
IPO
L’entrée en Bourse d’Adocia inaugure le bal des introductions en Bourse de l’année 2012… Un exercice qui risque être peu faste en la matière, le climat boursier n’incitant pas à se lancer tête baissée sur les marchés… Vaut mieux avoir le cœur bien accroché pour braver sans encombre des conditions de marché relativement exécrables. Et c’est le cas de Gérard Soula, un initié, « vieux briscard » des marchés. Il est le fondateur de la société Flamel Technologies, une société de biotechnologie qu’il avait cotée avec succès sur le Nasdaq en 1996. Il n’en est donc pas à son coup d’essai. C’est donc sciemment qu’il tente de réitérer l’expérience boursière mais cette fois avec sa cadette, Adocia, une autre « biotech » cofondée en 2005 avec ses fils.
BioChaperone®
Le BioChaperone® est la plateforme propriétaire d’Adocia qui est destinée à développer des médicaments plus performants dans le traitement du diabète et des plaies chroniques, tout en reformulant des protéines thérapeutiques déjà approuvées. Ces médicaments ont pour vocation à devenir des « Best-in-Class Products », c'est-à-dire ayant les meilleurs effets thérapeutiques de leur classe thérapeutique. L’intérêt de cette plateforme est de d’interagir avec des protéines, et de les protéger contre la dégradation par les enzymes. Le développement de nouveaux produits pharmaceutiques à partir de ces protéines thérapeutiques a un intérêt double. Tout d’abord, ces polymères sont considérés comme des excipients et interviennent sur des médicaments déjà commercialisés sur le marché. Ainsi, le temps de développement est 4 fois plus court et le coût est moindre par rapport au développement d’une nouvelle protéine thérapeutique. Le risque d’échec est réduit dans la mesure où les protéines thérapeutiques utilisées ont déjà démontré notamment leur sécurité, leur tolérabilité… Ce qui permet de les rendre efficaces plus longtemps et de diminuer les doses. Et donc de réduire les effets secondaires…. Ainsi, le confort du patient est maximal et les coûts des traitements sont réduits au minimum…
« Big Pharma »
Le modèle économique d’Adocia est fondé sur la signature d’accords de licences pour les applications de BioChaperone® avec des «big pharmas », des grands groupes de l’industrie pharmaceutique. Ces dernières auront la charge de commercialiser ces produits. Un buisness model qui n’a pas laissé indifférent le laboratoire américain Eli Lilly. Il vient de mettre sur la table la coquette somme de 10 millions de dollars, et pourrait ajouter 156 millions, dans le cadre d’un accord de collaboration mondial pour lancer un analogue d’insuline à action rapide formulé avec la technologie d’Adocia. La « biotech » française est bien familière avec l’insuline puisque le diabète est l’un de ses axes thérapeutiques avec la cicatrisation. Autre bon point, pour Adocia, la société va profiter de l’arrivée à expiration d’ici deux ans des brevets des trois gros poids lourds du diabète à savoir Eli Lilly, Novo Nordisk et Sanofi. Ces derniers doivent impérativement trouver des successeurs à leurs produits. Ce qu’Adocia peut faire avec son BioChaperone®, revisiter des médicaments existants !
« Biotech »
Et du côté des finances alors ? Adocia a dégagé plus d'1 million d'euros de chiffre d’affaires au cours du 1er semestre 2011, suite à la signature de deux contrats de recherche auprès de grands groupes pharmaceutiques. Mais le groupe est loin d’être bénéficiaire, peu étonnant pour une « biotech ». Il affiche une perte de 2,9 millions d'euros au 30 juin 2011. Adocia compte atteindre l’équilibre d’ici à 2015. Le financement est le nerf de la guerre alors que le lancement de phases d’essais cliniques est souvent très coûteux. En termes de trésorerie, la société détenait près de 10,45 millions d'euros fin à la fin du premier semestre. A l’issue de l’opération, Adocia disposera d’une trésorerie totale de 33 millions d’euros. La signature du contrat de licence et de collaboration avec la société Eli Lilly déclenche le paiement initial d’un montant de 10 millions de dollars non remboursable qui sera encaissé au cours des premières semaines de l’année 2012 et Adocia disposerait ainsi d’un montant de trésorerie en début d’année 2012 de 13 millions d’euros. Un montant qui lui assure pas moins de 3 ans de visibilité… Outre la famille Soula, actionnaire à 35%, de grands institutionnels ont fait leur entrée au capital d’Adocia : IdInvest, BioAm, Amundi, Viveris, Sham, et surtout Innobio, le fonds géré par le FSI et neuf groupes pharmaceutiques. Ils participeront à hauteur de 9,36 millions d’euros sur les 20 millions d’euros que compte lever Adocia. Valorisé à 100 millions d’euros en milieu de fourchette, Adocia est un dossier qui est réservé aux investisseurs qui ont le cœur bien accroché même si la probabilité de succès des ses essais cliniques est plus élevée que pour une « biotech » classique…
Souscrire…à titre spéculatif