PagesJaunes vire au rouge…vif ce matin. L’éditeur d’annuaires plonge de 10,62 % à 2,97 euros après la publication de ses résultats 2011. Des comptes dégradés, une absence de dividende au titre de l’exercice écoulé et une situation financière loin d’être assainie … bref un beau cocktail pour voir les investisseurs se détourner du titre…
Le groupe a publié ce matin un chiffre d'affaires 2011 de 1,101 milliard d’euros, en baisse de -2,1% par rapport à 2010, pour une marge brute opérationnelle en retrait de -4,8% à 493,1 millions d’euros, représentant 44,8% des revenus contre 46% un an avant. Des chiffres ressortis conformes aux attentes des analystes qui anticipaient pour leur part une activité de 1,1 milliard d’euros, pour un résultat opérationnel courant de 451,3 millions d’euros et un bénéfice net ajusté part du groupe de 212 millions d’euros. La direction avait indiqué précédemment que son chiffre d'affaires serait en baisse de -2% environ sur l'année, pour une marge brute opérationnelle serait comprise dans la fourchette 485 à 500 millions d’euros. Ces objectifs avaient été revus à la baisse en juillet pour tenir compte de l'impact sur son activité des mouvements sociaux survenus avant l'été.
Elle souligne que « pour la première fois, Internet devient l'activité principale du groupe avec plus de 52% du chiffre d'affaires consolidé en 2011 ». Mais c’est encore insuffisant pour voir l’activité et la rentabilité de l’éditeur d’annuaires décoller…. Cette année, le management table sur une stabilisation du chiffre d'affaires. Mais la mue vers la toile va encore obérer la marge opérationnelle du groupe. PagesJaunes anticipe pour 2012 son recul, dans une fourchette comprise entre 470 et 485 millions d'euros, évoquant l'impact de « l'investissement commercial dans les activités internet qui devraient représenter 60% des revenus 2012.».
Et du côté de la situation financière du groupe, grande source d’inquiétude pour ses actionnaires ? Lourdement endetté, PagesJaunes a vu son flux de trésorerie net refluer de plus de 20% l'an dernier à 197,4 millions d’euros, grevé notamment par l'augmentation du coût de sa dette et à la baisse de la marge brute opérationnelle. La dette nette ressortait à 1,915 milliard d’euros à l’issue de 2011 quasi-stable sur un an, alors que l'entreprise disposait d'une marge de 11% sur son covenant de levier financier.
Une situation financière peu tenable alors le groupe a décidé de sacrifier le dividende sur l’autel du désendettement. « Le conseil d'administration proposera à la prochaine Assemblée générale des actionnaires de ne pas verser de dividende au titre de l'exercice 2011 », a expliqué le management. Ce dernier ne fournit pas d'explication quant à cette décision alors que le groupe avait encore réitéré fin octobre son objectif de maintenir une politique de distribution de dividende élevée. Un revirement de situation qui n’est pas du goût des actionnaires et pour cause, PagesJaunes était la valeur en vue pour son copieux rendement…Mais l’urgence est là, le groupe doit faire face à une dette importante. La société a déjà refinancé 70% de ses créances au cours du premier semestre de 2011 mais le Marché s’interroge sur la dernière tranche de 638 millions d'euros, arrivant à échéance en novembre 2013. « Les conditions de marché actuelles ne sont pas particulièrement favorables (...) et donc on considère qu'on doit se garder un maximum de flexibilité à court terme dans nos choix d'options de financement », a expliqué Jean-Pierre Remy, le PDG de PagesJaunes.
Du côté des analystes, CM-CIC Securities conseille de « Conserver » PagesJaunes, avec un objectif de cours de 3 euros. Le broker souligne que « la marge brute opérationnelle devrait à nouveau reculer cette année sous l'effet de la poursuite des investissements dans l'Internet ».
Concernant le dividende, CM-CIC Securities juge que la décision de ne verser de dividende au titre de l'exercice 2011 est « une très bonne nouvelle » car cette mesure destinée à d'économiser plus de 100 millions d'euros « était nécessaire dans une logique de désendettement et de refinancement ».
De déceptions en déceptions, telles sont nos impressions sur le titre PagesJaunes. Nous redoutions une absence de dividende pour l’exercice en cours afin que le groupe puisse assainir sa situation financière. Et ce scénario s’est bel et bien confirmé… Par ailleurs, la transformation du groupe vers le tout internet prend beaucoup plus de temps que prévu d’autant plus que les mouvements sociaux survenus avant l’été vont encore avoir un impact sur l’activité du groupe. Le groupe a un peu plus de difficultés à écrire une nouvelle page de son histoire... Nous restons à conserver et maintenons malgré tout notre objectif à 6 euros sur le titre en dépit de cet enchainement de mauvaises nouvelles.