Deux valeurs d'un même secteur et pourtant leurs parcours boursiers ont été diamétralement opposés ce mercredi. Bénéteau termine en baisse de plus de 4% sur les 8 euros après avoir fait état d'une nette baisse de ses résultats semestriels. A contrario, Poncin Yachts s'est envolé de près de 20% à 1,55 euro hier en clôture. Le titre était incotable à l'ouverture, réservée à la hausse sous l'afflux des ordres d'achat après que le fabricant de navires de plaisance a annoncé la conclusion avec ses banques créancières d'un « accord de désendettement majeur ».
Bénéteau a donc pris l'eau alors que le leader mondial des bateaux de plaisance a vu son chiffre d'affaires reculer de 6% à 289 millions d'euros, au premier semestre de l'exercice 2011-2012. Si on descend un peu plus bas dans les comptes le rouge est de mise, le groupe a enregistré un résultat opérationnel en perte de 44,1 millions d'euros sur la période contre -5 millions d'euros en 2010-2011. L'activité Habitat enregistre un résultat d'exploitation positif de 4,3 millions d'euros sur le semestre par rapport à 5,7 millions d'euros à la même période l'an passé. Mais la perte nette s'est encore un peu plus creusée à 27,1 millions d'euros contre seulement un résultat net négatif à hauteur de 2,2 millions d'euros. Rien d'étonnant à cette teinte rouge vive qu'ont pris les comptes du groupe vendéen. C'est que le contexte conjoncturel européen pèse toujours sur les ventes et sur les marges du groupe. Ainsi, Beneteau a revu à la baisse ses objecti fs annuels. Fin janvier, il espérait réaliser en 2011-2012 un chiffre d'affaires pour le pôle bateau de 620 millions d'euros. Il est désormais envisagé entre 600 et 620 millions d'euros. Mais Beneteau n'est pas le seul à souffrir de ce contexte morose. C'est tout le secteur nautique qui est en difficulté depuis 2008-2009 et avait vu le marché mondial se contracter de 40% à 50% avec des zones comme les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l'Espagne et les pays scandinaves où la baisse avait parfois atteint jusqu'à 70%. Le vendéen avait dû recourir au chômage partiel puis à des coupes salariales, impuissant devant un marché qui se détériorait à vue d'oeil. Entre juin 2008 et février 2009, le titre avait abandonné 72% pour toucher un plus bas sur les 5 euros puis effacé cette contreperformance en l'espace d'une bonne année.
Mais Bénéteau n'était pas le seul acteur à souffrir de la situation, ni le moins bien armé. « Bénéteau supportera ce choc en raison de son excellente structure financière » était il expliqué par la direction à l'époque. Pour de nombreux acteurs en revanche, la messe était déjà dite à l'image de Couach. Entreprise qui était plus que centenaire, certainement pas le cas de nombreux autres acteurs. Couach avait placée en redressement judiciaire assorti d'une période d'observation de 6 mois, après avoir déposé son bilan le 30 mars. Le fabricant de yachts de luxe qui avait pourtant un carnet de commandes bien garni a du faire face à l'insolvabilité de certains de ses clients mettant en péril la trésorerie du groupe. Si l'on avait parlé un temps d'un rachat par Bénéteau, la piste semble s'être évanouie avec la dégradation de la conjoncture. La liquidation judiciaire a ainsi été prononcée fin décembre 2009 et le titre Couach avait tiré sa révérence sur un dernier cours de 3,30 euros, presque 10 ans après sa mise à l'eau sur le Marché Libre à un cours de 21,20 euros. Le yacht Couach a ainsi sombré.
Autre société qui a failli connaître un dessein similaire, Poncin Yachts, un autre fabricant coté en Bourse. Entre juin 2008 et juin 2009, le groupe basé à la Rochelle était sous la protection d'une procédure de Sauvegarde de Justice. Poncin Yachts avait, comme son homologue Beneteau, bien réduit ses effectifs pour tenter de sortir de cette mauvaise passe... Alors, le fabricant de navires de plaisance haut-de-gamme a procédé à de nombreuses cessions d'actifs pour se concentrer uniquement sur sa marque Catana qualifiée de colonne vertébrale du groupe ». Une stratégie qui s'est avérée payante, le groupe a réussi à réconcilier ses comptes avec le vert, en affichant un résultat net positif de 199 000 euros après une perte de 3,2 millions d'euros en 2009/2010. Puis, ce jour, Poncin Yachts a annoncé avoir scellé un accord bancaire, lui permettant de consolider significativement sa structure financière et de renforcer son développement tant sur l'amÍ ?lioration de son offre produit que sur l'accentuation de ses ventes à l'export spécialement dans les pays émergents.
Si l'horizon s'éclaircit doucement et surement pour le secteur, il faut rappeler que les cours de Bourse des grands fabricants de bateaux ont touché des niveaux enregistrés lors de la précédente crise de 2008/2009. C'est que le Marché était sceptique quant à la résistance du secteur à la crise économique et financière qui est loin de voir le bout du tunnel. L'action Beneteau, chef de file mondial sur les marché des voiliers, cote aux alentours de huit euros, soit un plus bas de plus de deux ans. Elle a perdu la moitié de sa valeur en un peu plus d'un an. Le titre du fabricant de catamarans de croisière Fountaine Pajot se traite actuellement à 7,60 euros, contre un prix d'introduction en bourse en 2007 aux alentours de 30 euros. Quant à Poncin Yachts et Rodriguez Group, leurs actions ont plongé respectivement de 35% et 40% sur une année glissante Si les commentaires de Beneteau sont empreints de prudence quant à l'état du marché pour l'année 2012 eu éga rd de l'attentisme des certains clients, l'année 2013 sera peut être l'année de la reprise, en tout cas d'une légère reprise. Un broker de la place indique que les derniers salons des pays émergents plaident pour une marche en avant du secteur... Mais en attendant, il faudra composer avec un environnement économique difficile en Europe du Sud même si la stratégie internationale axée sur les pays émergents permet de limiter ce repli ...