Mardi 04 mars

Loi Omnibus : La politique verte de l’Europe allégée pour les PME ?

par Ilan Free, analyste ECM EuroLand Corporate

Bruxelles a tranché : le 26 février 2025, la Commission européenne a adopté la loi Omnibus, un paquet législatif qui réduit de 25 % les charges administratives liées aux obligations environnementales et sociales des entreprises – 35 % pour les PME – avec 6,4 milliards d’euros d’économies annuelles. Portée par Ursula von der Leyen, cette réforme touche quatre piliers du Pacte vert : la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), la Corporate Sustainability Due Diligence Directive (CSDDD), la Taxonomie Verte et le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF). Entre relance économique et durabilité repensée, l’Union européenne (UE) ajuste sa trajectoire, avec un impact marqué pour les petites et moyennes entreprises, souvent débordées par ces exigences.


Une réponse aux pressions des entreprises

Depuis juillet 2024, la CSRD impose aux entreprises de plus de 250 employés de publier des rapports précis sur leurs impacts environnementaux et sociaux, un outil clé pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. La CSDDD, entrée en vigueur simultanément, exige une surveillance stricte des chaînes d’approvisionnement, tandis que la Taxonomie Verte, effective depuis 2020, oriente les investissements vers des activités durables. Ces réglementations, bien que saluées pour leur ambition, ont suscité de nombreuses critiques, notamment parmi les PME et les industriels comme Haulotte ou Michelin, qui gèrent des réseaux de milliers de fournisseurs. Pour répondre à ces tensions, la loi Omnibus cherche à alléger le fardeau administratif des entreprises européennes pour préserver leur compétitivité face aux géants chinois et américains, qui subissent des normes moins contraignantes.


Des ajustements pragmatiques ou risqués ?

La loi introduit des changements notables, particulièrement bénéfiques pour les PME. Pour la CSRD, le seuil passe de 250 à 1 000 employés, exemptant environ 80 % des entreprises initialement visées, et les obligations – comme le reporting des émissions ou des politiques ESG – sont repoussées à 2028, offrant un répit de quatre ans aux petites structures. Le reporting sectoriel, qui détaillait les impacts par activité, disparaît, simplifiant les démarches pour les PME souvent dépourvues de ressources dédiées. La CSDDD est décalée à juillet 2028 et se limite aux partenaires directs, sans rendre obligatoire la rupture avec des sous-traitants fautifs, un soulagement pour les entreprises dépendantes de chaînes complexes. La Taxonomie Verte reste en place, mais ses rapports sont réduits de 70 %, avec un principe de matérialité permettant aux PME d’ignorer les données jugées secondaires. Le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF) exempte les importations sous 50 tonnes, avantageant les petits importateurs.

Contexte économique

La loi Omnibus s’inscrit dans une urgence économique mise en lumière par deux rapports clés. Le rapport Draghi de septembre 2024 alertait sur la stagnation de l’UE, avec une production industrielle en chute (indice 96 en zone euro), face à des concurrents dérégulés comme les États-Unis sous Trump, plaidant pour moins de bureaucratie et plus d’innovation. Le rapport Letta, publié en avril 2024, complétait ce diagnostic en proposant une refonte du marché unique pour stimuler la compétitivité, notamment via une intégration accrue des secteurs financiers et énergétiques. Ensemble, ils ont inspiré Omnibus, qui allège les contraintes notamment pour les PME, moteur de l’emploi européen.


Un équilibre en jeu

Omnibus apporte des bénéfices concrets aux entreprises, notamment les PME : la CSRD et la CSDDD allégées leur permettent de se concentrer sur leur croissance plutôt que sur des rapports complexes, tandis que le MACF simplifié réduit les coûts pour les petits importateurs. Côté financement, la réforme devrait faire économiser aux entreprises 6,3 milliards d’euros par an de charges administratives et permettrait selon l’UE de mobiliser 50 milliards d’euros d’investissements publics et privés supplémentaires, ciblant des projets comme les technologies vertes pour booster les PME innovantes. Mais les détracteurs de cette loi s’émeuvent : en exemptant 80 % des entreprises du reporting, la transition écologique risque de perdre en clarté, et la CSDDD light pourrait affaiblir le contrôle des supply chains.


Vers une politique verte recentrée ?

La CSRD, la CSDDD et la Taxonomie ne sont pas abolies, mais redimensionnées. En ciblant les plus grandes entreprises, l’UE maintient un contrôle là où les émissions pèsent, tout en épargnant les PME, souvent démunies face à ces exigences. Cette approche pragmatique pourrait soutenir l’économie sans renier le Pacte vert, mais elle interroge : l’Europe peut-elle rester un leader climatique avec une politique verte allégée ? Pour les PME, c’est une bouffée d’air ; pour l’écologie, un pari.

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