Mardi 08 avril

Intelligence artificielle et marchés financiers : vers un devoir de vigilance pour les sociétés cotées ?

par Thomas Hornus, Associé EuroLand Corporate

Depuis plusieurs mois maintenant, les marchés financiers observent l’intrusion de l’intelligence artificielle dans tous les compartiments de leur chaîne de valeur. Trading haute fréquence, recherche d’investissement, relations investisseurs, détection de fraudes, génération automatique de rapports réglementaires, l’IA, et en particulier ses dernières déclinaisons (grands modèles de langage, systèmes génératifs, agents autonomes), est en passe de devenir un acteur de marché à part entière.

Le dernier Rapport de l'IOSCO, publié en mars 2025, dresse un état des lieux mondial de l’usage croissant de l’IA dans les produits et services financiers et son constat est sans ambiguïté : l’adoption s’accélère, les cas d’usage se multiplient, et les régulateurs peinent à suivre.


Une majorité d’acteurs interrogés – brokers, gérants d’actifs, infrastructures de marché – déclarent avoir déjà implémenté ou testé des outils d’IA pour des fonctions critiques. Et cette transformation ne touche pas que les grandes capitalisations. Les sociétés de taille moyenne, notamment cotées sur Euronext Growth, sont également concernées, soit comme utilisatrices, soit comme objets d’analyse algorithmique de la part de leurs investisseurs.


Une révolution non exempte de risques

L’IA introduit un changement de paradigme dans la façon dont les marchés s’informent, s’analysent, investissent. Cette nouvelle donne comporte son lot de risques : biais algorithmiques, hallucinations dans les modèles de langage, opacité des décisions, délégation excessive, dépendance à des technologies propriétaires, asymétries d’information renforcées…

Le rapport IOSCO met en lumière une série de risques structurels pour la protection des investisseurs, l’intégrité des marchés et, à terme, la stabilité financière. Il cite notamment :

La concentration technologique (quelques fournisseurs dominent les modèles d’IA utilisés dans la finance) ;

Le manque de transparence et de traçabilité des décisions prises ou assistées par IA ;

L’absence fréquente de garde-fous humains dans des processus de décision critiques ;

Les risques de manipulation de marché amplifiés par l’utilisation de modèles génératifs non contrôlés

Pour les sociétés cotées, et en particulier les PME, cela ouvre une zone grise réglementaire et réputationnelle : que se passe-t-il si un investisseur institutionnel utilise une IA pour générer un rapport biaisé ou faux sur une société ? Qui est responsable si un chatbot relation-investisseur répond de façon erronée à une question d’un actionnaire ? Comment anticiper des arbitrages de portefeuille algorithmiques reposant sur des signaux non fondés ?


Un nouvel impératif de gouvernance pour les sociétés cotées

L’IOSCO propose également une série de pistes pour renforcer la gouvernance de ces outils dans le secteur financier.

Parmi elles :

l’intégration de l’IA dans les dispositifs de gestion des risques,

- la nécessité d’une supervision humaine effective,

- la documentation des modèles utilisés, ou encore

- la mise en place d’audits réguliers.

Autant d’exigences qui pourraient, à court terme, concerner directement les sociétés cotées, y compris les small caps, en tant qu’émettrices.

Car si les prestataires de services d’investissement sont régulés, les émetteurs pourraient à leur tour être sollicités pour faire preuve de transparence sur leur propre usage de l’IA dans la relation investisseurs, la rédaction des communiqués, la construction de présentations financières, voire la gestion d’assemblées générales digitales.

La question de la traçabilité devient ainsi centrale. À l’heure où certains documents financiers sont partiellement rédigés par IA, où les FAQ investisseurs sont parfois gérées par des assistants conversationnels, et où les informations financières circulent à grande vitesse sur les réseaux, l’émetteur ne pourra plus faire l’économie d’un devoir de vigilance algorithmique.


La régulation européenne sur l’intelligence artificielle (AI Act) prévoit déjà un encadrement différencié selon le niveau de risque. Certaines fonctions financières pourraient en conséquence être classées comme « à haut risque ». Les sociétés cotées devront donc anticiper ce cadre, au même titre qu’elles ont dû s’adapter à la CSRD pour le climat ou la taxonomie pour la finance durable.

Dans un tel contexte, les entreprises devront faire preuve de pédagogie, de transparence et de responsabilité sur leur usage de l’IA pour éviter de s’exposer à un risque de défiance, voire de contentieux.

EuroLand Corporate, premier Listing Sponsor du marché Euronext Growth Paris, accompagne plus de 60 sociétés cotées, dont 36 en qualité de Listing Sponsor, dans leur stratégie de structuration et d’optimisation de leur communication financière.


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