Lundi 16 décembre

Les marchés : Noël sans Rallye ?

La Bourse de Paris débute la semaine en recul de 0,71% à 7 357 points. Les investisseurs, refroidis par la dégradation de la note souveraine de la France par Moody's, préfèrent rester en retrait à deux jours des annonces clés de la Réserve fédérale américaine. Moody's a abaissé la note de la France à "Aa3", citant une "fragmentation politique" qui complique la gestion des finances publiques. Cette décision, tombée en pleine nuit de vendredi à samedi, pèse sur l'ambiance déjà morose et offre un sympathique cadeau de bienvenue à François Bayrou.

Le traditionnel rallye de Noël semble s’éloigner. Habituellement, une dégradation de note aurait un impact limité, mais dans un contexte de faible volumes et de tensions économiques, l’effet se fait sentir. Le CAC 40, qui avait repris près de 4% depuis son point bas du 27 novembre, marque le pas en attendant les décisions de la Fed.

Un assouplissement de 25 points de base est largement anticipé, mais c’est surtout le discours de Jerome Powell qui retiendra l’attention. Le marché espère des indications claires sur le rythme des baisses de taux en 2025, mais l’incertitude demeure toujours, notamment avec le réveil des pressions inflationnistes aux États-Unis. Une prudence qui devrait encore dominer d’ici la fin de la semaine, dans un marché où chaque mot de la Fed pourrait raviver la volatilité !


Les valeurs : Vivendi, Stellantis et Innate pharma

Vivendi

C’est fait ! Vivendi s’est scindé en quatre entités distinctes, et trois d’entre elles ont fait leurs débuts en Bourse ce lundi. Si Louis Hachette (+26,93%) et Vivendi (+41,74%) s’envolent, Havas fait du surplace (+0,63%) et Canal+ (-28,46%) reçoit un accueil glacial à Londres. En cause, les ventes d‘investisseurs institutionnels et des perspectives modestes à court terme. À Amsterdam, Havas limite la casse, portée par des projections optimistes pour 2025 et une politique de dividende attrayante.

Le titre de Louis Hachette est soutenu sur Euronext Growth par son potentiel dans l’édition et les médias. Enfin, Vivendi, désormais recentré sur Gameloft (jeux vidéos) et des participations stratégiques, bondit sur fond de spéculations autour d’une OPA du Groupe Bolloré. Si la scission visait à réduire la décote de conglomérat (voir lexique) et à créer de la valeur, les débuts contrastés des entités interrogent. Canal+ pourra-t-il convaincre les investisseurs sur le long terme ? Pour l’instant, le marché reste divisé, tout comme les ambitions de la famille Bolloré, entre vision internationale et consolidation stratégique.


Stellantis

Coup dur pour Stellantis, plus forte baisse du CAC après une mise en garde claire de Giorgia Meloni. La cheffe du gouvernement italien exige le maintien des emplois et des usines dans le pays pour envisager un soutien à la stratégie future du constructeur. Une réunion cruciale, réunissant le ministre de l’Industrie, Stellantis et les syndicats, est prévue demain pour définir un plan à long terme pour l’industrie automobile en Italie.

Ce coup de pression intervient alors que le groupe, en pleine transition vers l’électrique, traverse une période d’incertitude avec la démission surprise de son PDG, Carlos Tavares. En attendant un nouveau dirigeant, John Elkann, héritier de la famille Agnelli, a pris les rênes. L’Italie joue la carte de la fermeté, Stellantis devra rassurer. Les marchés restent sceptiques pour le moment : le titre perd 4,50% ce soir, à 12,74€ (-40% en 2024).


Innate pharma

La biopharmaceutique éligible au PEA-PME surfe sur une vague haussière remarquable ! Plus forte hausse du marché SRD, ce soir l’action s’envole de 12,63% à 2,14€, signant sa troisième séance consécutive dans le vert. Le moteur de cette envolée ? Un partenariat stratégique avec l’Institut américain d’innovation pour le lymphome folliculaire (IFLI). L’accord porte sur un traitement expérimental contre un type de cancer.

Pour soutenir l’essai clinique et accélérer le recrutement des patients, l’IFLI injecte 3 millions de dollars via une prise de participation en actions nouvelles. De quoi redonner de l’oxygène à Innate et raviver l’intérêt des investisseurs dans un secteur biotech en quête de catalyseurs forts. Le titre gagne 33% sur 5 jours et limite ses pertes à 16% depuis le début de l’année.


Demain à la Une : Les niveaux de la semaine

Avant ce déluge de nouvelles données, ce mardi sera plutôt calme sur le front économique. Les investisseurs attendent surtout l’indice allemand IFO du climat des affaires à 10h et la production industrielle américaine à 15h15. D’un point de vue technique, les deux principaux objectifs des acheteurs sur le CAC sont fixés à 7 385 et 7 440 points. Ceux des vendeurs, à 7 320 et 7 250 points. Hors dividendes, le CAC perd 2,5% depuis le début de l’année. Pour qu’il repasse à l’équilibre dans la dernière ligne droite de 2024, il doit revenir sur les 7 575 points. C’est pas gagné !


Le monde d'après : Le Bitcoin cote au Nasdaq 100 !

Connaissez-vous MicroStrategy ? L'éditeur américain de logiciels, célèbre pour sa stratégie ultra-agressive sur le Bitcoin, vient de rejoindre le Nasdaq 100, l’indice phare des géants de la tech. Avec 44 milliards de dollars de bitcoins en portefeuille, soit 2 % de l’offre mondiale, cette société expose indirectement le Nasdaq à la reine des cryptos. Et Wall Street adore ! L’action MicroStrategy a déjà bondi de 550% cette année, surfant sur un Bitcoin à plus de 106 000$ ce soir.

En rejoignant l’élite des technos, MicroStrategy pourrait enclencher un cercle vertueux sur les cryptos. Les ETF liés à l’indice Nasdaq n’auront d’autre choix que d’acheter ses actions. Cela gonflera la trésorerie de la société, qui pourrait s’en servir pour acquérir encore plus de bitcoins, amplifiant ainsi son effet de levier sur la cryptomonnaie. Son PDG Michael Saylor, véritable apôtre du Bitcoin, semble prêt à parier gros, et jusqu’ici, les chiffres lui donnent raison. La capitalisation de MicroStrategy dépasse désormais les 100 milliards de dollars, soit plus du double de la valeur de ses bitcoins.

Cette stratégie audacieuse divise, mais elle confirme une chose : le bitcoin est en train de s’intégrer profondément dans la finance traditionnelle. Avec d’autres acteurs comme Palantir ou Axon faisant leur entrée dans le Nasdaq 100, la frontière entre tech “traditionnelle” et cryptos se réduit de plus en plus…


Le lexique : Décote de conglomérat

On parle de décote de conglomérat lorsque la valorisation en Bourse d’un conglomérat est inférieure à la somme des valorisations individuelles de ses différentes activités. Ce phénomène s’explique par la complexité de l’analyse, un manque de transparence ou des craintes de mauvaise allocation des ressources. Les investisseurs préfèrent souvent des entreprises spécialisées (purs players), perçues comme plus simples et efficaces.

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