Les marchés : La bourse retient son souffle
Orpheline de Wall Street, fermée pour le Presidents Day, la Bourse de Paris termine la séance sans réelle direction, en légère hausse de +0,13% à 8 189 points. Sans le souffle des marchés américains, les volumes d’échanges sont restés atones, mais un secteur s’est distingué : la défense. Décryptage complet dans notre rubrique Les Valeurs.
Les regards restent braqués sur Paris, où Emmanuel Macron a réuni plusieurs dirigeants européens pour une réunion stratégique sur la sécurité du continent. L’objectif est d’élaborer une réponse coordonnée face aux tensions grandissantes et aux décisions de l’administration Trump, qui compte marginaliser l’Europe dans les négociations autour du conflit ukrainien. Pour faire face à la menace, des voix s’élèvent pour augmenter les dépenses militaires, quitte à assouplir les règles budgétaires de l’Union. Une tendance qui soutient fortement les valeurs du secteur.
Un nouvel acte diplomatique se prépare. Moscou et Washington doivent entamer des discussions en Arabie saoudite dès demain. Au programme, une tentative de réchauffement des relations entre les deux superpuissances, avec en toile de fond les négociations sur l’Ukraine et un sommet Trump-Poutine à l’étude. Une actualité brûlante qui pourrait, une fois encore, dicter la tendance des marchés dans les jours à venir.
Les valeurs : Le secteur de la défense, les bancaires et Innate Pharma
Le secteur de la défense
En tête du CAC, Thales grimpe de 7,83% ce soir, à 178,30€. Le mouvement est global, Dassault Aviation gagne 6,5%, et outre-Rhin, Rheinmetall bondit de 13%. Et pour cause, l'Europe réalise qu'elle ne pourra plus compter éternellement sur les États-Unis pour assurer sa sécurité. Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, Ursula von der Leyen a appelé à faire passer les dépenses militaires de 2% à 3% du PIB. En Allemagne, Olaf Scholz prépare déjà les esprits à de nouvelles entorses à la sacro-sainte discipline budgétaire. Vous le savez, l’électrochoc vient clairement de Washington.
L'administration américaine envisage de négocier l'avenir de l'Ukraine sans les Européens et de réorienter ses capacités militaires vers l’Asie-Pacifique. Une mise à l'écart qui pourrait accélérer la prise de conscience, Emmanuel Macron convoque un mini-sommet européen pour une réponse commune. La tendance est claire, la facture militaire européenne va s’envoler. Le cabinet Oddo BHF rappelle que 23 pays de l'OTAN respectent déjà le seuil des 2% du PIB, contre seulement 3% en 2014. Avec le retour de Trump, ce mouvement va s'accélérer. Le président américain plaide pour 5% du PIB mais le chiffre semble pour l’heure improbable. Ce lundi, les marchés anticipent, et les actions européennes du secteur de la défense gagnent du terrain.
les bancaires
On profite de cette séance assez calme à Paris pour faire le point sur le rallye haussier des valeurs bancaires. Depuis le début de l’année, Société Générale s’envole de 38%, BNP Paribas de 19% et Crédit Agricole de 15%. Alors que personne ne les attendait, les bancaires ont signé un quatrième trimestre 2024 remarquable, avec une mention spéciale pour Société Générale, qui a littéralement enflammé la Bourse (+13% le jour de ses résultats). Les investisseurs révisent leur copie. UBS, Barclays, Bank of America : tous les grands bureaux d’analyse revoient leur jugement et se prennent à rêver d'un véritable renouveau du secteur.
La baisse des taux, qui aurait dû fragiliser les banques, pourrait au contraire leur profiter. Coût des dépôts en baisse, reprise du crédit immobilier, diversification des activités : autant de facteurs qui redonnent de la visibilité aux mastodontes bancaires français. D’ailleurs, le potentiel de hausse reste important selon Barclays qui fixe des objectifs ambitieux : 96€ pour BNP, 48€ pour Société Générale. Les bancaires, après des années de désillusion, redeviennent un sujet majeur pour les investisseurs.
Innate Pharma
Innate Pharma bondit en Bourse après avoir reçu des autorités américaines le statut de "Breakthrough Therapy" pour son traitement destiné à une forme rare et agressive de cancer de la peau. Cette reconnaissance permet d’accélérer son développement et d’ouvrir la voie à une mise sur le marché plus rapide. Alors que les premiers résultats sont encourageants, la biotech marseillaise éligible au PEA-PME cherche un partenaire pour financer la suite du projet. Le marché accueille cette annonce positivement, le titre gagnant 8,63% à 2,09€ aujourd’hui, et les analystes estiment qu’un accord stratégique pourrait fortement revaloriser l’entreprise. Sur un an, le titre cède tout de même 10%.
L'agenda du lundi : En attendant Nvidia
La semaine boursière débutera véritablement demain, avec la réouverture de Wall Street après ce lundi férié aux États-Unis. Sur le front économique, on attend plusieurs indices d’activité économique dans les prochains jours, et le compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed. Côté entreprises, Capgemini, Carrefour, Airbus, Air Liquide, Schneider Electric, Renault, Accor et Edenred publieront leurs résultats en France. Wall Street attend ceux de Walmart, jeudi, pour estimer l’état de la consommation américaine. Ces résultats d’entreprises feront partie des derniers de la saison. Le prochain grand rendez-vous aura lieu le 26 février, avec le titan des semi-conducteurs Nvidia.
Demain à la Une : Inflation et Ukraine
En plus de la reprise des volumes américains, l’inflation française et l’indice allemand Zew seront dévoilés demain matin. Le marché table sur un petit rebond des prix en France, à 1,4% sur un an en janvier. Côté allemand, l’indice de confiance des patrons allemands devrait également connaître un léger mieux. Les investisseurs internationaux auront les yeux rivés sur l’Arabie saoudite, où une réunion entre Américains et Russes se tiendra pour préparer le sommet Trump-Poutine sur l’Ukraine. Pour rappel, les espoirs de paix ont fait grimper les indices boursiers européens la semaine dernière. À suivre !
