Jeudi 09 janvier

Nous sommes en pleine période de prévisions.
Un rite annuel.
Un rite magique, quasiment religieux.
Chaque prévisionniste, chaque économiste et tous les stratégistes des grands établissements financiers se penchent sur leur boule de cristal ou implorent l’inspiration divine pour donner les grandes tendances de l’année à venir.
Il faut le faire.
Même si cet exercice est totalement artificiel.

ON L’A VU L’ANNÉE DERNIÈRE

À quelques jours, voire quelques heures près, tout le monde ou presque s’est planté.
Toutes les prévisions pour 2019 étaient publiées au plus tard le 2 janvier.
Manque de bol, le patron de la Banque centrale américaine s’est exprimé…le 4 janvier.
Et il a totalement changé son fusil d’épaule.
On craignait que le cycle de hausse de taux américains, qui avait provoqué la chute des marchés en 2018, qui n’était d’ailleurs pas du tout anticipé en janvier 2018, ne se poursuive et tous les spécialistes appelaient à la prudence.

SEULEMENT VOILÀ

Le 4 janvier, il a décidé d’arrêter de monter les taux, et au contraire de les baisser.
Trois fois dans l’année.
Et ce simple évènement, arrivé quelques jours trop tard, a totalement modifié la face des marchés.
Les indices boursiers ont fait fi de tous les évènements géopolitiques négatifs et toutes les données économiques défavorables.
On est passé, du jour au lendemain, de l’inquiétude au soulagement, du soulagement à l’optimisme, de l’optimisme à l’euphorie.
Résultat : 25 à 30% de hausse pour les principaux indices boursiers.
Début 2019, peu prévoyaient une hausse du CAC supérieure à 5 ou 10%.
Nous avions nous-mêmes envisagé une hausse de 10 à 15% mais appelions à la prise de bénéfices si ces niveaux étaient atteints.

ET AUJOURD’HUI ?

Le consensus est positif.
Logique. C'est toujours le cas après une année de hausse.
À chaque fois qu'une année a été haussière, le consensus était optimiste pour l'année suivante.
Et à chaque fois qu'une année a été baissière, le consensus était à la prudence pour l’année suivante.
J’ai lu les rapports des grandes banques, les prévisions des gestionnaires des grands fonds internationaux recueillis dans le Financial Times, le Wall Street Journal, etc.

SUR LES INDICES BOURSIERS

La même musique partout :
- Les indices américains ont un potentiel d’environ 10% (très très peu de stratégistes voient une baisse).
- Ceux qui veulent jouer un peu l’originalité constatent que les indices européens et certains indices émergents sont en retard par rapport aux indices américains et conseillent donc de surpondérer l'Europe mais surtout les pays émergents (l’histoire de la surperformance de l’Europe est une histoire qu’on nous raconte depuis quelques années…sans succès).

SUR LES TAUX

- Stabilité.
- Pas de reprise majeure de l’inflation.
- Toujours des taux négatifs dans les pays en ralentissement mais avec un petit retour à la normale.
- Et la FED prête à rebaisser les taux d’intérêt au moindre signe de ralentissement économique.

SUR LES DEVISES

- Stabilité (rappelons que la volatilité sur la paire euro/dollar en 2019 a atteint son plus bas niveau de l’histoire de l’euro).
- Avec quelques biais haussiers sur la livre sterling et quelques devises émergentes.

ET NOUS DANS TOUT CELA ?

Je vais vous livrer en toute transparence les méandres de notre réflexion torturée.
Car dans les prévisions, ce qui est intéressant, ce ne sont pas les prévisions, mais le raisonnement qui mène aux prévisions.
Voici notre raisonnement :
1. Le consensus de début d’année a systématiquement eu tort depuis longtemps, très longtemps. La palme évidemment début 2008 avec une euphorie béate, et même début 2018.
Donc il faudrait prendre le contrepied des prévisions et être BAISSIER, pas haussier sur les indices boursiers, surtout que...
2. Le contexte géopolitique est tendu et le restera toute l’année du fait, entre autres, des élections américaines. En année d’élection, Trump est capable de tout et nul ne sait s’il sera réélu ou si les États-Unis basculeront dans le socialisme de Warren ou Sanders.
3. Les profits des entreprises progressent moins et les valorisations, surtout aux États-Unis, sont élevées, peut-être pas aberrantes, mais élevées.
4. L’économie mondiale reste sous pression même si le ralentissement semble, un peu, marquer le pas. Mais vous savez ce qu’on pense : Démographie + Technologie + Révolution sociétale = Déconsommation, Décroissance et Déflation.

DONC

Compte tenu des points 1, 2, 3 et 4, pas de question à se poser :
On doit vous inciter à la prudence…

SEULEMENT VOILÀ

Et c’est là que ça se corse...
Il y a les banques centrales.
Et les banques centrales inondent le marché de liquidités.
Elles maintiennent des taux bas, voire négatifs.
Si la BCE ou la Banque du Japon ou d’autres sont déjà au taquet et n’ont plus beaucoup de marge de manœuvre, la FED est loin encore des taux négatifs et la Banque centrale chinoise a encore des munitions.

OR CE SONT LES TAUX BAS, VOIRE NÉGATIFS...

... et l'action des banques centrales qui ont alimenté tout ce cycle de hausse des indices boursiers.
Avec deux facteurs clés :
- Le facteur TINA : There Is No Alternative. Achetez des actions, ça rapporte toujours plus que de laisser son argent taxé à un taux négatif.
- Le facteur PUT : en cas de baisse des marchés, les banques centrales interviendront en baissant les taux pour soutenir les marchés comme l’a fait la FED au début 2019, donc on a un « put », une assurance à la baisse.

TOUTE LA QUESTION EST LÀ

Les banques centrales ont écrasé la macroéconomie et la géopolitique.
Elles fournissent gratuitement des substances euphorisantes aux investisseurs.
Pourquoi ça ne serait pas la même chose en 2020 ?

VOUS AVEZ SUIVI NOTRE RAISONNEMENT

Venons-en donc au fait :
On a trois possibilités :
- Soit jouer les "contrarians". C’est dans notre nature. On vous appelle à la prudence. Si les marchés flambent, on aura l’air idiots; s’il y a un accident, on pourra dire « on était les seuls à vous l’avoir dit ».
- Soit jouer les suiveurs. On déteste. Mais ça un avantage. On ne se mouille pas. On fait comme les autres. Si on se plante, on pourra dire que tout le monde s’est planté, si la hausse continue, on pourra dire qu’on a eu raison.
- Soit esquiver. Avec des phrases du type : « dans des marchés au plus haut, il faut jouer la sélectivité…on ne joue pas les indices, mais on joue des valeurs, etc etc etc… » en sachant très bien que si ça monte, impossible de battre les indices même en étant très sélectifs et si ça baisse, toutes les valeurs chuteront.

PAS FACILE NON ?

Vous en pensez quoi, vous ?
Nous, on ne s’est pas encore décidés.
En attendant, on garde toujours un profil plutôt « équilibré/prudent ».
Une position d’attente.
Plutôt confortable.
Plus de détails dans les jours qui viennent (teasing...).

DU CÔTÉ DES MARCHÉS

Le CAC 40 a terminé la séance d’hier en gain de 0.20 % à 6 024 points malgré un climat géopolitique tendu.
Dans les faits, la communauté financière attendait la prise de parole du Président américain concernant les tirs de Téhéran sur des bases américaines en Irak.
Cette matinée, le CAC 40 est attendu en territoire positif, dans le sillage du Dow Jones (+0.56 %), du Nasdaq (+0.67 %) et du Nikkei (+2.31%).
Les marchés rebondissent car ils perçoivent que ni Trump ni l'Iran ne veulent jouer l'escalade : à suivre.
De son côté, le Brent se négocie à 65.45 $ contre 69.01 $ le baril hier à la même heure. L'once d'Or est à 1 555.70 $ contre 1 589.40 $ précédemment et la parité euro/dollar est à 1.118 contre 1.1151 hier dans la matinée.

ON S'EN FOUT ?

Conférence de presse de Carlos Ghosn : c'était la fuite ou la mort selon lui et sans lui Renault c'est foutu; La vraie nouvelle du jour : Harry et Meghan renoncent à leur rôle officiel dans la monarchie britannique, ils veulent même gagner leur vie; Le "boxeur" de flics, le gilet jaune Christophe Dettinger, est en garde à vue pour violences conjugales, qui va lancer une nouvelle cagnotte pour lui ?; Énième journée de galère avec grèves et manifestations; Le nombre de morts aux États-Unis pour des problèmes de santé liés à l'alcool a doublé entre 1999 et 2017.

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