Jeudi 20 juillet

"Il y a des gens qui ont l'impression de ne pas savoir gérer leur argent et Bankin' est là pour les aider." Rencontre avec Joan Burkovic Co-fondateur et CEO de Bankin'

Joan Burkovic

Joan Burkovic, CEO de Bankin'

MonFinancier.com : Pouvez-vous nous présenter Bankin' ?

Bankin' a été créé en 2011 avec cette idée de simplifier la gestion de son argent. Notre application permet, gratuitement et sur mobile, à ses utilisateurs d’avoir en temps réel, une vue consolidée de leurs comptes et de leur situation financière. Le succès a été immédiat. En octobre 2011, on était la première application mobile sur iPhone sur laquelle les personnes pouvaient consulter ses comptes bancaires. Au sein d’une même interface, un utilisateur peut consulter plus facilement les postes de dépenses et les budgets mensuels (transports, shopping, logement, impôts, santé, loisirs, etc), tout en profitant d’un système d’alerte des transactions en temps réel.

MF : Comment vous est venue l'idée de fonder Bankin' ?

Au départ, Bankin', c'est l'histoire d'une rencontre avec Robin Dauzon sur les bancs de l'Essec. Notre souhait d'entreprendre et nos compétences complémentaires, nous ont donné envie de monter notre entreprise. Surtout, on s'est rendus compte qu'on avait un problème commun, celui de gérer son argent. En tant qu’étudiants et avec peu de moyens, on pense faire attention aux dépenses et à la fin du mois, on se retrouvait tout le temps à découvert. On s'est alors demandé s'il n'existait pas des outils pour mieux gérer ses comptes autres qu'un tableau Excel. On a poussé la réflexion… Et en fin de compte, nous avons créé un outil directement connecté à la banque qui permet aux personnes qui n'ont pas envie ou qui ne veulent pas gérer leur argent de pouvoir le faire simplement, sans perdre du temps à remplir des tableaux Excel.

MF : Pourquoi d'après vous, les Français ont-ils besoin d'un coach financier ? Est-ce lié à la multibancarisation ? Par manque de temps ?

C'est un besoin mondial. Toute personne qui détient un compte bancaire doit à un moment donné gérer son argent de près ou de loin. Il y a des gens qui ont l'impression de ne pas savoir gérer leur argent et Bankin' est là pour les aider. Et pour les personnes qui sont plus rigoureuses, Bankin' se présente comme une alternative simple et rapide pour gérer l'ensemble de ses comptes bancaires.

MF : Les données bancaires constituent votre ressource… Les établissements bancaires ont-ils vu votre arrivée d'un bon œil ?

Les données bancaires appartiennent au citoyen et non à la banque. Si une personne souhaite récupérer ses données auprès de sa banque pour qu'un tiers puisse à son tour l'exploiter, elle peut le faire et la banque ne peut s'y opposer. Deux directives européennes, nous ont donné un coup de pouce puisque les banques ne peuvent s'opposer à faire de la rétention d’information de leurs clients et doivent faciliter la transmission à des tiers. Les petites banques ont été plutôt favorables puisqu'elles n'ont pas les ressources, le métier pour offrir une bonne expérience sur le mobile. Du côté des grandes banques, elles ont réagi différemment. D'un côté, les banques en ligne et d'autres grands établissements étaient également ouverts à notre agrégateur. Certaines au contraire, étaient très opposées à notre application car elles jugeaient qu'on captait une partie de la relation bancaire.

MF : En quoi la loi Macron a été un formidable accélérateur pour votre activité ?

Nous bénéficions d'un alignement favorable des planètes dont les deux directives européennes qui permettent au citoyen d'avoir le contrôle sur ses données et aux tiers d'avoir accès à cette ressource. Et en plus, il y a des nouvelles lois qui sont favorables à la compétition dans l'industrie bancaire dont la loi Macron qui facilite la mobilité bancaire. Elle n'en est qu'à ses balbutiements mais elle répond à une tendance qui s'inscrit dans l'ère du temps.

MF : Quelles sont les dernières fonctionnalités proposées par Bankin' ? C'est cette innovation qui vous aide à distancer vos concurrents…

Au départ, Bankin' ne proposait que la consultation de ses comptes et au fil du temps, nous avons enrichi les fonctionnalités. Par exemple, le virement que nous avons lancé en début d'année était une demande forte de nos utilisateurs. C'est aussi une avancée technologique importante puisque c'est la première fois qu'une application tierce à la banque de l'utilisateur peut transmettre un ordre de virement. Bankin’ travaille également sur une solution d’aide à la renégociation de crédit via une option d’alerte visant à prévenir ses utilisateurs dont les taux de crédit immobilier présentent des marges de renégociation. Nous avons également mis en place un coach financier qui prévient l’utilisateur sur un risque de découvert et de lui conseiller de faire des virements pour ne pas se mettre dans le rouge. Le credo de Bankin', c'est « user first », l'utilisateur au centre de nos préoccupations. Pourquoi sommes-nous le leader en France mais aussi en Europe, totalement indépendant, des agrégateurs de comptes bancaires ? C'est parce que tout notre développement est animé par la recherche de la meilleure expérience utilisateur possible.

MF : Avez-vous déjà procédé à des tours de table ? Si oui pour quel(s) montant(s) ?

Depuis notre création il y a six ans, Bankin' a levé un total de 8,4 millions d'euros. La première levée de fonds date de fin 2012. Elle était de 400.000 euros auprès de business angels. Il y a eu une autre augmentation de capital début 2015, de 1 million d'euros auprès de Génération NewTech suivie d'une grosse levée de fonds qui date de ce début d'année avec cette augmentation de capital de 7 millions d'euros auprès d’Omnes Capital, CommerzVentures. On préfère avoir des investisseurs classiques, hors du domaine bancaire, pour qu'on ait les mains libres afin de fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Nous tenons vraiment à préserver notre indépendance. Il est difficile d'avoir une banque au capital surtout qu'elles peuvent imposer des clauses restrictives. Elles auraient été un frein à notre activité.

MF : Qu'allez-vous faire de cet argent frais ?

La moitié des fonds levés seront dédiés à la recherche et développement ainsi qu’aux ressources humaines, avec le recrutement d'ingénieurs informatiques, afin de développer de nouvelles fonctionnalités. L’autre moitié sera consacrée à l’investissement marketing, notamment pour le développement international. Jusqu'à cette première grosse levée de fonds en début d'année, nous n'avons fait que de la croissance organique. Début 2017, on revendiquait 1,5 million d'utilisateurs. Le recrutement d'utilisateurs se faisait alors que par du bouche à oreille. Maintenant que nous avons levé des fonds, nous avons les moyens d'investir dans le marketing. À ce jour, nous revendiquons plus de 1,7 million d'utilisateurs particuliers et 15.000 professionnels, principalement en France mais aussi dans trois autres pays : l'Espagne, la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Nous sommes une des rares Fintechs à générer du chiffre d'affaires et à prouver qu'on était autonome financièrement.

MF : Quelles sont vos sources de revenus et avez vous des relais de croissance ?

95% de nos fonctionnalités sont gratuites mais certaines fonctionnalités sont payantes. Nous avons par exemple ouvert une API qui permet à d'autres industries de bénéficier de notre technologie et de notre-savoir faire pour récolter une donnée nettoyée, standardisée et enrichie et en temps réel. Toujours avec le consentement du client. Par exemple, pour les comptables qui ont besoin d'avoir de l'information financière et bancaires de leurs clients pour faire après la comptabilité. Nous sommes en effet connectés à 350 banques et institutions bancaires. Toutes les industries (les banques privées, les FinTechs...) qui ont besoin de récupérer de la donnée financière commencent à utiliser notre API. Nous sommes également apporteurs d'affaires pour les banques ou les courtiers ou d'autres sujets dans le cadre de notre activité de coach financier. Il reste beaucoup de choses à développer puisque nous sommes au début de l'innovation dans ce secteur là... Le travail à faire est gigantesque en France mais aussi dans différents pays..

Propos recueillis par Sabrina Sadgui

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