Les marchés : Soulagement temporaire ?
Ce soir, le CAC 40 perd 0,63% dans de faibles volumes, à 7 627 points. La matinée a été marquée par une hausse mais la prudence l’a à nouveau emporté, dans le contexte d’incertitude politique après la victoire de l’alliance de gauche aux législatives. Une victoire relative et attendue par les marchés qui tablaient sur une Assemblée divisée et redoutaient une poussée des extrêmes.
Le verdict des urnes est donc plutôt bien accueilli à la Bourse de Paris, certains observateurs estiment qu’un hémicycle aussi partagé devrait compliquer la mise en œuvre de mesures défavorables aux marchés. En particulier une forte hausse de la fiscalité. Les scénarios du pire sont évités mais les incertitudes sont toujours très fortes quant à la formation du prochain gouvernement.
Aujourd’hui, plusieurs valeurs rebondissent fortement, en particulier Ubisoft, TF1, M6 et les spécialistes des énergies renouvelables, mais la performance journalière du CAC contraste clairement avec celles de Wall Street où le Nasdaq et le S&P 500 signent de nouveaux records historiques. Leurs performances annuelles s’élèvent désormais à 17% et 22% (+2% pour l’indice français).
Les valeurs : TF1 et M6, Ubisoft et McPhy Energy
TF1 et M6
Les deux actions rebondissent ce lundi, au lendemain de la défaite du Rassemblement national. TF1 et M6 avaient en effet subi une forte baisse après la dissolution de l'Assemblée nationale. La défaite du RN éloigne la perspective de privatisation de l'audiovisuel public qui avait fait craindre une hausse de la concurrence pour les revenus publicitaires des deux groupes télévisuels. En gain de 1,90% et 1,75% ce soir, TF1 et M6 n’ont pas encore effacé la totalité de leurs pertes post-dissolution en Bourse. Les deux titres évoluent environ 7% et 4% sous leurs prix antérieurs.
Et pour cause, le risque de privatisation peut encore survenir dans les prochaines années, et l'incertitude politique actuelle devrait affecter la confiance des consommateurs et réduire les budgets publicitaires des entreprises. À court terme, les deux groupes peuvent tout de même se réjouir grâce à l'augmentation des audiences des émissions politiques et des revenus publicitaires liés à l'Euro de football, avec une bonne performance attendue pour les résultats semestriels de TF1. Depuis le début de l’année, TF1 gagne 15% et M6 perd 1%.
Ubisoft
Largement premier du SBF 120, l’éditeur de jeux vidéo s’envole ce soir de 7,83% à 21,20€. La banque d’investissement américaine Jefferies a publié une note particulièrement positive sur l’entreprise française. Elle estime que son cours de Bourse pourrait augmenter de près de 50% par rapport à son prix de clôture de vendredi, grâce à de récents changements stratégiques et un catalogue de jeux prometteurs. La banque recommande désormais d’acheter le titre et a relevé son objectif de cours à 29€, contre 21,5€ auparavant.
Jefferies justifie cette révision par une sous-évaluation d'Ubisoft par rapport à ses concurrents. Ses analystes se montrent optimistes quant aux futures ventes des licences majeures d’Ubisoft, dont les derniers opus Star Wars et Assassin’s Creed. Par ailleurs, Ubisoft se dirige vers un modèle économique par abonnements, avec l'introduction d'Ubisoft+ Premium à 17,99$ par mois. Ce virage stratégique devrait offrir des revenus récurrents et stables à l’entreprise. Désormais, Ubisoft réduit ses pertes annuelles à 7,5% mais perd plus de 65% sur trois ans.
McPhy Energy
Le producteur d'énergies renouvelables McPhy profite également de la défaite du RN. Son titre, éligible au PEA PME, gagne 3,92% à 2,65€ (-21% en 2024). Il bénéficie de la victoire du NFP, favorable aux énergies renouvelables. Depuis la dissolution, les actionnaires redoutaient l'arrivée du RN au pouvoir, réticent aux subventions aux énergies renouvelables. Le parti proposait un moratoire sur les nouvelles constructions éoliennes, contrastant avec le NFP, qui veut renforcer les filières de production d'énergies renouvelables. Dans ce contexte, Voltalia signe également un rebond important aujourd’hui : +6,61% à 9,84€ (-8% depuis le 1er janvier).
L'agenda du lundi : Gros programme !
C’est une semaine chargée en actus qui débute. Les derniers chiffres de l’inflation américaine, chinoise et française seront publiés dans les prochains jours. Comme toujours, c’est le résultat américain qui concentrera l’essentiel des attentions, jeudi à 14h30. Tous prix confondus, le marché s’attend à ce que l’inflation se tasse, à 3,1% sur un an en juin, contre 3,3% en mai. Hors prix de l’énergie et de l’alimentation, l’inflation sous-jacente devrait rester stable à 3,4%.
Wall Street espère des résultats inférieurs pour soutenir une nouvelle vague de hausse boursière et relancer les spéculations sur les prochaines baisses de taux de la Fed. Vendredi, la balance commerciale chinoise de juin sera dévoilée. Surtout, la saison de publication des résultats du deuxième trimestre commencera, avec plusieurs grandes banques américaines : JP Morgan, Wells Fargo, Citigroup…
Demain à la Une : L'audition de Powell
Aucune donnée majeure ne sera publiée demain. Les investisseurs se concentreront en revanche sur l’audition du banquier central américain au Congrès. Jerome Powell prendra la parole à partir de 16h, heure française. Wall Street espère qu’il confirmera une première baisse des taux après l’été grâce au recul de l’inflation. Affaire à suivre !
Le monde d'après : Un ouragan à surveiller...
Les prix du pétrole perdent un peu de terrain, influencés par l’ouragan Béryl et le rapport mensuel sur l’emploi américain qui soulève des inquiétudes quant à la demande en énergie aux États-Unis. Après une hausse de 13% des prix de l’or noir depuis début juin, quelques prises de bénéfices bien méritées sont également à l’oeuvre, en anticipation de la fermeture des ports texans à cause de l'ouragan Béryl. De notre côté, nous avons clôturé notre opération de court terme fin juin, en gain de 10,2%*.
L'ouragan Béryl, qui a repris de la force, menace les zones côtières du Texas, important hub pétrolier, avec des risques d'inondations et de coupures de courant. L'ouragan continuera d’influencer les prix du pétrole dans les prochains jours. La baisse d’environ 2% depuis vendredi après-midi est également attribuée à la faiblesse du marché de l'emploi américain, suggérant un ralentissement économique et une diminution de la demande énergétique après un été de forte demande. Cette baisse concerne surtout les livraisons de septembre.
Le lexique : L'IPC
L’indice des prix à la consommation (ou “IPC”) américain sera publié jeudi à 14h30, c’est le chiffre le plus attendu de la semaine par les marchés. Cet indicateur économique majeur mesure l'inflation. Il se repose sur l’évolution, dans le temps, des prix d'un panier fixe de biens et services couramment achetés par les ménages. L’indice permet d’estimer le pouvoir d'achat des consommateurs et il est souvent utilisé pour ajuster les salaires, les pensions et les taux. Depuis son pic à 10,2% atteint durant l’été 2022, l’inflation américaine s’est fortement tassée et stagne depuis bientôt un an autour des 3%.