Les marchés : Vers un nouveau record ?
Ce vendredi, le luxe propulse le CAC 40 vers ses sommets. L’indice français clôture en léger gain (+0,18%) pour sa cinquième séance consécutive de hausse, à 8 179 points. Au plus fort de la séance, il a dépassé les 8 210, à une quarantaine de points seulement de son record historique de mai 2024. Grâce aux espoirs de paix en Ukraine et aux solides résultats d’entreprises publiés ces derniers jours, le CAC s’offre l’une de ses meilleures semaines depuis plusieurs mois (+2,6%).
Mais les investisseurs restent sur leurs gardes. En plus de la dérégulation massive de l’économie américaine, Donald Trump menace d’imposer de nouveaux droits de douane réciproques, sans en préciser le calendrier. Tous les pays qui appliquent aujourd’hui des taxes sur les produits américains importés seraient sanctionnés. Deutsche Bank évoque une mise en place dès avril, ce qui pourrait secouer les marchés. Menace habituelle de Trump avant de négocier ? Ou véritable épée de Damoclès ? Pour le moment, le marché ne s’inquiète pas vraiment, Wall Street évolue en légère hausse dans les premières heures d’échange.
Dans ce climat d’incertitude, Hermès brille avec une croissance de 17,6% au quatrième trimestre, loin devant le consensus. Les bons résultats du groupe ont soutenu l’ensemble du secteur du luxe ce vendredi. Safran et Eutelsat font également la Une ce soir, on en reparle dans la suite du Journal. Bref ! Le CAC pourrait battre de nouveaux records historiques la semaine prochaine. La question est de savoir si son rallye haussier (+10,8% depuis le 1er janvier) a encore du carburant ou si les investisseurs vont en profiter pour prendre quelques bénéfices. Retrouvez dans cette courte vidéo les niveaux à surveiller dans les prochaines séances.
Les valeurs : Hermès, Safran et Eutelsat
Hermès
Le roi de l’exclusivité ne déçoit jamais. Hermès clôture l’année 2024 en plein essor, avec une croissance impressionnante de 17,6% au dernier trimestre, bien au-delà des attentes du marché. Le luxe français brille, et Hermès surpasse une fois de plus ses concurrents, laissant LVMH et Kering loin derrière. L’Amérique flambe, avec une hausse des ventes de 22%, tandis que l’Europe et l’Asie suivent la cadence.
La marge opérationnelle reste stratosphérique, à 40,5%, malgré l’impact des devises. Un dividende de 16€, accompagné d’un bonus exceptionnel de 10€, qui conforte la politique généreuse du groupe envers ses actionnaires. Pour 2025, Hermès garde le cap, avec une augmentation des prix prévue et une demande qui ne faiblit pas. Le marché applaudit, l’action gagne 0,82% à 2 839€ et continue de tutoyer les sommets (+23,5% en 2025).
Safran
L'équipementier aéronautique affiche des résultats 2024 globalement en ligne avec les attentes, avec un résultat opérationnel courant en hausse de 30% à 4,12 milliards d’euros, bien que légèrement inférieur au consensus. La division propulsion, véritable moteur de Safran, voit sa rentabilité grimper à 20%, portée par la hausse des services sur les moteurs civils. La surprise vient surtout de la génération de cash, qui dépasse les attentes à 3,19 milliards d’euros, dopée par les acomptes sur les commandes de Rafale.
Pour 2025, Safran relève ses ambitions, tablant sur une croissance des revenus de 10% et une marge en amélioration dans ses divisions clés. Si l’action a brièvement tenté un rebond en séance, portée par ces perspectives renforcées, l’enthousiasme du marché s’est estompé en fin de journée. Le titre clôture finalement en léger gain de 0,08% à 246€. Depuis le début de l'année l’action gagne plus de 16,5%.
Eutelsat
Nous vous en parlions sur WhatsApp, rien ne va plus pour Eutelsat qui s'effondre de 19,14% à 1,39€. L’opérateur de satellites a publié des résultats semestriels conformes aux attentes, mais son avertissement sur la connectivité fixe a fait l’effet d’une onde de choc. La société reconnaît que ses objectifs 2024-2025 seront difficiles à atteindre, notamment en raison des difficultés sur le marché du haut débit en Europe.
La rentabilité est sous pression, et les dépréciations comptables abyssales plombent le bilan, avec une perte nette de 873 millions d’euros. OneWeb, qui devait être un relais de croissance, continue de décevoir, tandis que la dette colossale d’Eutelsat suscite des doutes sur sa capacité de financement. Le marché sanctionne un modèle économique fragilisé et une visibilité incertaine. Sur un an, le titre perd désormais plus de 64%.
Le résultat du vendredi : Rebond durable de Kering ?
En gain de 16% sur la semaine, Kering signe de loin la meilleure performance du CAC 40. Malgré ce rebond, le titre reste en baisse de 32% sur un an et de 54% sur trois ans. Mardi, le groupe a dévoilé des résultats 2024 en demi-teinte, dont un bénéfice net en chute libre (-62%), au même titre que le résultat opérationnel (-46 %). Sa marque Gucci reste en crise avec un plongeon de 51% de son résultat.
Pourtant, malgré ce tableau sombre, le marché a salué l’annonce avec un bond de 7% de l’action le lendemain des résultats. Pourquoi ? Un dividende maintenu à 6€ par action, un cash-flow en hausse, et des engagements de rigueur financière. La marque Bottega Veneta a été la star du trimestre avec une croissance de 12%. François-Henri Pinault, PDG de Kering, a exprimé sa confiance dans une stabilisation des résultats pour 2025, avant un retour à la croissance en 2026.
Kering reste à la peine dans un secteur du luxe en mutation. Contrairement à Hermès, qui s’appuie sur une clientèle ultra-premium, le groupe peine à redorer l’image de Gucci et souffre d’un positionnement incertain dans le marché. Mais son action pourrait bien cacher un joker. Avec un PER (voir lexique) à 14,4, bien en deçà des standards du secteur, le titre paraît bon marché. Kering est-il sous-valorisé ? Les investisseurs semblent y croire pour le moment.
Le lexique : le PER
Le PER (Price-to-Earnings Ratio) est un indicateur boursier qui mesure le rapport entre le prix d’une action et le bénéfice net par action. Globalement, il permet d’évaluer si une entreprise est sous ou sur-évaluée par rapport à ses profits et ses concurrents. Un PER élevé indique que le marché anticipe une forte croissance, tandis qu’un PER faible peut signaler une opportunité ou un manque de perspectives.