Mardi 15 juillet

Les négociations commerciales avec les États-Unis entrent dans leur dernière ligne droite.
En théorie… Car Trump a (encore) reporté l’échéance.
Il a envoyé aux quatre coins du monde une vingtaine de lettres annonçant la sanction.
L’UE a reçu la sienne ce week-end : 30% de surtaxes douanières, applicables dès le 1er août.
À moins qu’un accord ne soit trouvé d’ici là.
C’est le pari que font les marchés, pour le moment.

Par Dorian Abadie
Responsable Bourse Privée
Meilleurtaux Placement

POUR LES ÉTATS-UNIS…

… l’UE est un partenaire-clé, mais pas le plus important.
L’Union pèse 18% des exportations américaines, et 15% des importations.
Pour un total de 1 600 milliards de dollars d’échanges bilatéraux, en incluant les services.
Mais l’Asie domine les échanges commerciaux.
La Chine représente à elle seule 13% des importations US, malgré les tensions commerciales. Et un peu moins de 7% des exportations américaines.
L’Asie pèse environ 30% du commerce américain.
Et elle occupe une place stratégique dans les chaînes d’approvisionnement mondial.

LA CLAQUE

Comme toujours, la base de négociation de Trump s’apparente à une claque.
Brutale, imprévisible et électoraliste : pour l’UE, ce sera donc 30%.
Le marché ne s’en inquiète pas trop à ce stade, c’est du déjà-vu.
Le 2 avril, lors du “Liberation Day”, Trump annonçait déjà des taxes très élevées.
Des taxes annoncées, puis suspendues, puis repoussées, puis réactivées…
Jusqu’à 46% pour le Vietnam, avant l’accord conclu début juillet.
Un accord asymétrique : 20% sur les exportations vietnamiennes, 0% sur celles des États-Unis.
Trump n’a pas négocié, il a voulu faire un exemple.

L’UE AFFÛTE SES ARMES

Contrairement au Vietnam, l’Europe a bien sûr des armes redoutables dans cette bataille.
Une liste de contre-mesures commerciales couvrant jusqu’à 72 milliards d’euros de biens américains est prête.
Bruxelles avait déjà évoqué en mai la possibilité de taxer pour 100 milliards d’euros de produits américains, notamment dans l’automobile et l’aéronautique.
Le message de Bruxelles : privilégier la négociation, sans exclure la riposte. Éviter une guerre commerciale, tout en se tenant prêts à la mener.
Mais un consensus fragile règne entre États membres, dont les économies sont inégalement exposées au marché américain…
Il reste deux semaines pour éviter l'escalade et la désunion.

UN TEST MAJEUR

La série de la guerre commerciale n’est donc pas finie. Loin de là !
Mais les conséquences sont bien réelles : des milliards en jeu, des chaînes de valeur perturbées, des emplois menacés.
Pour l’UE, ce n’est pas seulement une négociation commerciale.
C’est un test majeur de crédibilité.
Crédibilité sur son autorité, son unité et sa puissance de frappe.
Les prochains jours seront déterminants.
On en reparle vite !

À PART ÇA ? QUOI DE NEUF ?

ET VOUS, VOUS EN PENSEZ QUOI ?

Vous avez été nombreux à réagir à ma question : « Pensez-vous qu’il y aura une dissolution ou des élections présidentielles anticipées avant 2027 ? » Globalement, vos réponses expriment surtout du scepticisme et beaucoup de désillusion face au paysage politique actuel. Plusieurs d’entre vous estiment qu’il ne se passera rien d’ici la fin du quinquennat. Comme le dit Chris : « Rien de tout cela ne se produira, Bayrou va tout faire pour rester jusqu’au bout, et pareil pour Macron qui s’amuse à jouer le président. » Gilles partage cet avis mais ajoute une critique plus sévère : « Je pense qu’il ira jusqu’au bout de son mandat. Une chose est certaine, Macron est un irresponsable (pour rester mesuré) et met la France en danger !! » Jean-Pierre, lui aussi, n’imagine ni dissolution ni présidentielle anticipée, par crainte pour le Président de renforcer le RN : « Pas de dissolution car le Président craint que son faire valoir le RN n’acquiert plus de députés ; pas d’élection présidentielle car Le Pen pourrait l’emporter. » À l’inverse, Richard pense qu’une dissolution pourrait arriver avant fin 2025 pour redonner une majorité claire : « Il faut impérativement demander au peuple un message fort par des élections. » Enfin, Michel et Serge traduisent un profond ras-le-bol : Michel dénonce un système « affligeant et désespérant », tandis que Serge rêve d’une démission du président pour « repartir à zéro ».
Vos réponses reflètent avant tout une grande lassitude, mais aussi la conscience d’un risque politique persistant.

L’ULTIMATUM

Trump donne 50 jours à Moscou pour arrêter la guerre contre l’Ukraine.
“Déçu” par Poutine, il l’a menacé hier de lourdes sanctions et de l’envoi massif d’armes à Kiev.
À la clé, des droits de douane de 100% contre Moscou.
Ceux des pays qui achètent du gaz et du pétrole russes seraient doublés.
Ces annonces font suite à une récente pause dans les livraisons d’armes.
Et comme à chaque changement de cap de Trump, l’expression TACO fleurit dans les médias.
TACO : Trump Always Chickens Out, Trump se dégonfle toujours.
Pas sûr que ses électeurs apprécient…

64 MILLIARDS EN 2027

Dans un discours aux armées, Macron a annoncé une hausse des budgets militaires.
+3,5 milliards d’euros en 2026, +3 milliards en 2027, pour atteindre 64 milliards dès 2027, soit un doublement par rapport à 2017.
Russie, désinformation, désengagement américain, guerre économique de Trump…
Macron veut une France « puissante et crainte », face à des menaces « inédites depuis 1945 ».
Il souhaite renforcer les moyens dans des domaines clés : munitions, drones, cyber, spatial.
Cet effort supplémentaire intervient au moment où Bayrou cherche désespérément 40 milliards d’économies…
Bref ! Bayrou veut des coupes, Macron veut des troupes.
>> Je découvre les pistes d'investissement dans le secteur de la défense.

LES PISTES DU SÉNAT

Le Sénat propose justement une cure de rigueur.
Gel des prestations sociales, non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, coupes dans les dépenses publiques…
La majorité sénatoriale (centre et droite) a présenté au gouvernement un plan pour ramener le déficit à 4,6% du PIB en 2026, contre 5,8% actuellement.
Objectif : de 35 à 50 milliards d’euros d’économies.
C’est un début. Mais c’est encore insuffisant pour redresser durablement la barre.
Et aucune piste pour alléger le fardeau administratif des entreprises.

REVOIR C'EST VOTRE ARGENT

Pourquoi et comment investir dans la défense.
Avec nos Jedis de l'économie et de la Finance réunis autour de Marc : Virginie Robert de Constance Associés, Hugo Soussan d'Exail Technologies, Maxime Chipoy de MoneyVox, Laurent Dubois de Sienna AM, Lionel Mestre de Weinberg Capital Partners, Christopher Dembik de Pictet AM, Pierre Schang de la Financière de l'Echiquier et Pierre le Treize de Moneta AM.
Pour voir le replay de l'émission : cliquez ici

DU CÔTÉ DES MARCHÉS

Par Sélina Seremet, Analyste Bourse Meilleurtaux Placement.
"Soutenues par un Nasdaq inscrit à un nouveau record la veille, les Bourses européennes démarrent la séance dans le vert, malgré un climat toujours tendu sur le front des droits de douane. À Paris, le CAC 40 gagne 0,15% à l’ouverture, à 7 820 points. La prudence reste de mise alors que les premières publications trimestrielles des grandes banques américaines JPMorgan, Citigroup et Wells Fargo donneront le ton d’une saison des résultats scrutée de près. Les investisseurs garderont aussi un œil sur l’inflation américaine, attendue en hausse sous l’effet de la politique protectionniste de l’administration Trump."

ON S'EN FOUT ?

Thierry Ardisson est décédé à 76 ans, TF1 diffusera mercredi à 22h50 un documentaire hommage : “La face cachée de l’homme en noir” ; Le Bitcoin a atteint hier un nouveau record historique, à 123 000$ ; Après Carlos Ghosn qui s’était fait la malle, un détenu lyonnais s’est évadé dans un sac. Il a été interpellé ; L’accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie sera soumis à un référendum local en février ; Pour contrer l’hégémonie chinoise, le Pentagone investit dans les terres rares en Californie, indispensables pour les nouvelles technologies ; Le PSG s’est incliné 3-0 face à Chelsea dans la finale de la première Coupe du monde des clubs ; Une piste pour vos vacances : Tijuana (Mexique) vient de battre le record de la plus grosse margarita du monde, 40 000 litres.

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