Quelles avancées récentes pour l'hydrogène ?
par Pierre LAURENT, analyste chez EuroLand Corporate
L’hydrogène s’impose progressivement comme un pilier de la transition énergétique. Deux publications récentes – le Global Hydrogen Review 2025 de l’Agence internationale de l’énergie (IEA) et le Global Hydrogen Compass 2025 du Hydrogen Council – offrent une lecture à jour de l’état du secteur.
Développement de l’hydrogène dans le monde en 2024 et financements
En 2024, la demande mondiale d’hydrogène a atteint 100 Mt, en hausse de 2 % par rapport à 2023. Cette progression reste dominée par les usages traditionnels (raffinage, ammoniac, méthanol), tandis que les nouveaux débouchés ne représentent encore que moins de 1 % de la consommation.
Source : Global Hydrogen Review, IEA
La production bas-carbone progresse mais reste marginale : environ 1 Mt prévue en 2025, soit moins de 1 % de l’offre totale. L’IEA anticipe désormais 37 Mt/an en 2030, contre 49 Mt projetés un an plus tôt, du fait de retards et d’annulations de projets. Cependant, les capacités déjà engagées (projets FID) devraient permettre une multiplication par cinq d’ici 2030.
Les investissements confirment la dynamique. L’IEA estime à 4,3 Md$ les montants investis en 2024 (+80 %), avec un potentiel de 8 Md$ en 2025. Le Hydrogen Council recense pour sa part 110 Md$ déjà engagés dans plus de 500 projets, représentant 6 Mt/an de capacité dont 1 Mt déjà opérationnelle.
Sur le plan régional, la Chine domine l’électrolyse (65 % des capacités installées), l’Amérique du Nord avance sur l’hydrogène « low-carbon » grâce au CCS, tandis que l’Europe concentre la future demande via ses mécanismes réglementaires (RED III, CBAM).
Focus sur les stations de ravitaillement
Fin 2024, le monde comptait environ 1 300 stations de ravitaillement (+15 % en un an). La Chine mène la course avec plus de 500 stations, tandis que l’Europe dépasse 300 mais reste loin de ses objectifs pour 2030. Les États-Unis et le Japon stagnent, et certains acteurs se retirent, comme OMV qui a fermé ses stations en Autriche.
Source : Global Hydrogen Review, IEA
Ces difficultés reflètent avant tout la fragilité économique de certaines de ces infrastructures. Leur viabilité dépend étroitement du taux d’utilisation : une station peu fréquentée est structurellement déficitaire, ce qui limite l’appétit des investisseurs.
Le coût à la pompe demeure par ailleurs élevé, ce qui freine l’adoption par les particuliers et concentre l’attention sur les usages professionnels. L’innovation tente néanmoins de répondre à ces contraintes. En 2025, de nouvelles stations capables de délivrer de l’hydrogène à 700 bar en un temps record – moins de dix minutes pour un camion lourd – commencent à être commercialisées, ce qui ouvre la voie à un déploiement dans le transport logistique.
Le Hydrogen Council insiste de son côté sur la nécessité d’une approche intégrée. Les stations de grande taille et standardisées sont considérées comme les seules économiquement viables à long terme.
Quelques gagnants devraient émerger à terme
Sans extrapoler les conclusions des rapports, ces derniers montrent que l'industrie, après la phase d'euphorie, commence à se structurer et la technologie à être mieux maitrisée. Des sociétés cotées qui disposent d’une proposition de valeur suffisamment forte pourraient ainsi tirer parti du décollage du marché, à l'image d'HRS, qui dispose d’une réelle longueur d’avance industrielle et technologique sur ses concurrents et qui devrait capter une part grandissante de ce marché attractif, notamment à l'échelle mondiale, où la dynamique est parfois plus enclenchée qu'en Europe.
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