On a beau dire que le monde a changé en trente ans. Qu'il s'est globalisé. Mondialisé. Qu'il a basculé vers le Pacifique. Vers la Chine. Vers les pays émergents. Une chose n'a pas changé et c'est toujours aussi surprenant. Quand Wall Street s'arrête, le monde financier tourne au ralenti. Cela continue à me surprendre.
Volumes en forte baisse sur les marchés avec la fermeture de New York
Et cela va continuer aujourd’hui puisque Wall Street sera encore fermé. Sandy est en train de balayer le New Jersey et d’inonder une partie de New York. Ce qui est très surprenant pour les marchés, c’est de voir que quand Wall Street s’arrête, le reste du monde financier tourne au ralenti. C’était vrai il y a près de 30 ans, quand j’ai débuté sur les marchés financiers, c’était normal. Le cœur de la finance, de ces nouveaux marchés, c’était les Etats-Unis. Tout partait des Etats-Unis. Et à part Londres, il y a avait peu de grandes places financières.
Entre temps on a eu la mondialisation
C’est ce qu’on nous répète toute la journée. Le monde a changé, il s’est ouvert, il s’est globalisé. Il bascule vers le Pacifique. La Chine, les pays émergents. Et quand on regarde les chiffres tout cela est vrai. Il y a de nouvelles places financières majeures. Dans les classements d’échanges que ce soit sur le marché des changes ou les autres instruments financiers, New York n’est plus leader et sa part de marché se réduit.
Et pourtant quand New York ferme, tout s’arrête ou presque.
Et le monde continue aussi, par exemple, comme il y a trente ans à retenir son souffle pour les chiffres du chômage américain alors qu’il ne sait même pas quand sont publiés les chiffres chinois, brésiliens et même européens du chômage. Il y a une explication économique : les Etats-Unis sont encore la première puissance économique mondiale. Mais elle est un peu courte. Les Etats-Unis sont en fait restées, à travers leurs banques d’affaires et leurs hedge funds, même s’ils sont délocalisés ailleurs, une énorme source de flux de trading et au-delà de cela, les marchés ont des réflexes, des traditions, qui n’ont toujours pas ou peu évolué. En 2012 encore, quand Wall Street est sous l’eau, le monde financier n’a plus de cap.