Le mois de septembre vient de s’achever et mes vacances aussi. Finies les longues et chaudes soirées d’été. Retour à Paris et sa grisaille. Retour au tumulte et au stress qui caractérise bien la capitale. J’ai quand même eu le temps de me reposer, bercée par l’air iodé de l’Atlantique. Revigorée, j’honore la deuxième partie de mon contrat. Fournir un papier par mois sur mes aventures, mes péripéties dans le monde inconnu des sociétés de gestion. Mais pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de Fidelity, une grande société de gestion connue de la place.
Quand j’y repense, trois trimestres sont déjà derrière nous. De mon côté, cela fait six mois que j’ai été propulsée, non sans douleur, dans un univers intouchable pour une profane. Je suis une privilégiée. Je le reconnais. M’être faite ouvrir les portes d’une société de gestion aussi prestigieuse que Fidelity n’est pas un avantage qu’on octroie à n’importe quel particulier. lors, je me suis autoproclamée héraut (il n’y a, hélas, pas de féminin pour ce mot), destinée à dévoiler ce qu’il y a sous le capot d’une société de gestion. Ce que j’ai découvert jusqu’à présent a été riche d’enseignements. Si vous m’avez suivie depuis le début, je suis partie du niveau zéro. La bulle. Rien. Nada. Je n’avais aucune culture financière le jour où j’avais récupéré tous mes avoirs. Un jour noir où mon soi-disant ami, collaborateur, avait pris la poudre d’escampette et me laissa démunie devant des finances catastrophiques. Si je le revois cet escroc, je le… Trêve de digressions. Revenons à nos moutons.
Partie de rien, mes premiers pas dans ce monde inconnu ont été des plus difficiles. Je suis une ex-sportive de haut niveau qui a consacré toute sa jeunesse à son sport. La quête de performance était plus importante que me plonger dans mes avoirs et dans d’autres savoirs. Alors, il n’a pas été étonnant que mes débuts dans le grand bain des fonds aient été des plus laborieux…. Noyée dans un torrent de termes barbares tels qu’OPCVM, valeur liquidative, j’ai finalement réussi à avoir pied grâce à un sauveteur de choc. David Ganozzi ou mon David Hasseloff de la gestion de fonds qui m’aide dans mon parcours initiatique dans les méandres de la finance. Sans lui, je n’aurai pas compris un traitre mot de ce qui fait le quotidien d’un gérant d’un gâteau, vous savez ma métaphore pour désigner un fonds que j’use jusqu’à la corde…
Il s’en est passé des choses depuis six mois. J’ai eu le privilège d’accéder à un comité de gestion, le grand rendez-vous des gérants de Fidelity basés dans les quatre coins du monde…C’est une sorte de conclave, normalement portes closes pour refaire non pas le match mais pour refaire le mois sur le marché. Je me suis rendue compte que les gérants doivent jouer aux équilibristes, sur un fil tentant de se débattre avec les vents contraires. Prendre à contrepied la tendance ou voguer avec elle, c’est une question qui taraude un gérant, mais aussi un trader ou un particulier, comme vous et moi… Et en ce moment, je comprends mieux pourquoi avec les valses hésitations de Ben Bernanke alias, le dealer de la place, sur ses livraisons de coke monétaire… C’est avec ce genre de gus que les gérants doivent composer, pour doser au mieux les ingrédients qui composeront le meilleur gâteau de sa catégorie. C’est ce que m’ont expliqué les différents gérants lors de mes divers entretiens, forts riches d’enseignements. Mais mon parcours initiatique est loin d’être achevé. Je ne peux me targuer d’être docteur ès fonds.
En tout cas, je ne sais pas ce que l’avenir me réservera. Dans six mois, je ferai le bilan. Calmement. L’hiver en sera à son crépuscule, chassé et terrassé par un printemps qui sera sur le point d’éclore. Mais pour l’instant, je ne préfère pas y penser. Je n’ai pas eu peur de sauter dans l’inconnu une première fois. Le temps est un joueur avide qui gagne sans tricher… Alors, que dire d’autre que… Carpe Diem.