L’euro plie enfin, en direction des 1,38$ après avoir flirté avec le seuil des 1,39$ la semaine passée. Un repli à mettre au crédit de la BCE qui muscle son discours face à un euro trop fort et à une inflation trop faible, qui risquent de compromettre la fragile reprise européenne.
L’euro recule ainsi de 0,5%, à 1,3818$ face au dollar et perd également 0,41% face au yen, pour s’échanger autour des 140,61 yens alors que la BCE se dit prête à assouplir davantage sa politique monétaire pour faire reculer la monnaie unique, ce qui permettrait de redonner un peu de compétitivité aux produits fabriqués en Europe.
Des propos qui surprennent car la BCE a coutume de dire que la politique de taux de change ne relevait pas de sa responsabilité. Le fait qu’elle surveille de près et qu’elle s’inquiète même de l’évolution des taux de changes est une manière de faire comprendre que le niveau de l’euro joue un rôle de plus en plus important dans les prises de décision de la BCE.
Car c’est le président même de la BCE, M. Draghi qui a déclaré lors d'une conférence de presse à Washington que la BCE pourrait décider d'une "action monétaire" si l'euro continuait de s'apprécier, pour que "la politique monétaire reste aussi accommodante qu'elle l'est aujourd'hui".
Des propos qui confortent la vision française, alors que le ministre des Finances, Michel Sapin, a réaffirmé son opposition à un euro trop fort, tout en se félicitant des propos tenus par le président de la BCE Mario Draghi, samedi à Washington.
A propos des déclarations de M. Draghi qu'il a trouvé "intéressantes", le ministre des fiances français s'est félicité que la BCE ait "pris conscience" que l'euro trop fort constituait "une gène pour l'ensemble des pays européens, et tout particulièrement pour la France" avant d’enfoncer le clou en ajoutant que le niveau actuel de l'euro "est un frein à la croissance de la France", a t-il déclaré sur l'antenne d'Europe 1.
Le ministre des finances a également appelé de ses vœux "un euro qui doit être à un bon niveau, l'euro étant aujourd'hui à un niveau anormalement fort".
Mais si les marchés ne doutent pas de la volonté politique de la BCE à éloigner le spectre d’une déflation quitte à faire reculer l’euro, il faudra sûrement plus que des mots pour enrayer la tendance haussière de la monnaie commune.