Dailymotion devrait rester français. La plate-forme de vidéos appartenant à Orange qui a fait l’objet de nombreuses marques d’intérêt de la part de Yahoo, Microsoft et tout récemment le chinois PCCW, devrait tomber dans l’escarcelle de Vivendi. Le groupe présidé par Vincent Bolloré aurait proposé 250 millions d’euros à Orange pour se payer le concurrent du mastodonte américain Youtube, croyait savoir le Monde dans son édition de lundi. Si l’intention d’acheter la pépite du web français a été confirmée par Vivendi ce mardi, le groupe français reste muet sur le montant de son offre.
Un feuilleton de deux ans
Orange qui contrôle Dailymotion depuis 2012 ne s’est jamais caché de vouloir adosser la plate-forme vidéo à un partenaire pour la faire décoller. Mais aussi rivaliser avec le YouTube, le géant américain.
En 2013, Yahoo avait déposé une offre pour Dailymotion valorisant la société française quelque 300 millions de dollars (279 millions d'euros). Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, s’était clairement opposé à ce que la plateforme française tombe entre les mains de l’américain. Devant le refus catégorique du gouvernement français, Yahoo n’a pas eu d’autre choix que de prendre la poudre d’escampette.
Deux ans plus tard, l’histoire se répète. Le gouvernement français a une nouvelle fois opposé une fin de non-recevoir à un rachat de Dailymotion par une société non-européenne. La semaine dernière, PCCW, holding du hongkongais Richard Li, était en négociations exclusives pour racheter 49% du capital de Dailymotion. Mais c'était sans compter sur une autre sortie très remarquée d’un membre du gouvernement français. Le ministre de l’Économie Emmanuel Macron avait manifesté à son tour son hostilité à ce projet et avait par la même occasion suggéré à Orange « prendre en compte les éléments de la souveraineté numérique européenne ». Un message sans équivoque, rappelant au passage que l’État actionnaire à hauteur de 24,9%, a son mot à dire sur la question. Devant cette levée de boucliers, le chinois PCCW a lui aussi été contraint de rebrousser chemin.
Vivendi vainqueur
Le forfait du chinois a ainsi offert un boulevard à Fimalac, le groupe piloté Marc Ladreit de Lacharrière. L’homme d’affaires tricolore a également souhaité se porter acquéreur de Dailymotion. Un projet qui est tombé à l’eau, la somme proposée par Fimalac a été jugée trop courte. Au final, c’est Vivendi et sa copieuse force de frappe financière qui ressortent grand vainqueur de l’éreintante course au rachat de la plate-forme française. Le flou entretenu autour du copieux trésor de guerre dont dispose Vivendi devrait donc enfin s’éclaircir. Le fonds PSAM avait en effet vertement critiqué l’utilisation des 15 milliards d’euros de trésorerie amassés au fil des cessions. Depuis juin 2012, Vivendi a cédé l'opérateur SFR, l'éditeur de jeux video Blizzard-Activision, ou encore l'opérateur Maroc Telecom.