Mardi 30 octobre

Au lendemain d'un nouveau revers électoral en Hesse, Angela Merkel a annoncé son souhait de se retirer à la fin de son mandat en 2021. Un tournant pour l'Allemagne, pour l'Europe et pour le monde.

L'AGONIE D'ANGELA

Cela fait plusieurs mois maintenant qu'Angela Merkel et son parti sont en grande difficulté outre-Rhin. Tout a basculé en fait en 2015 avec sa décision, courageuse, de faire rentrer dans son pays quelque 900 000 demandeurs d'asile. Lentement, la popularité de la chancelière a baissé, l’électorat conservateur allemand s'est détourné en partie vers l’extrême-droite, le CDU a perdu des sièges et a été forcé de former avec le SPD une coalition qui n'a jamais vraiment réussi à s'entendre, provoquant une nouvelle baisse dans les suffrages et la montée des partis extrémistes.

IT'S NOT THE ECONOMY STUPID !

Le plus paradoxal, c'est que le revers de Merkel intervient alors que la santé économique de son pays est très bonne : croissance, emploi, salaires, excédent budgétaire... tous les indicateurs ou presque sont au vert.
Mais c'est surtout sur l'immigration que les électeurs ont sanctionné les partis de la coalition gouvernementale.
La coalition a aussi été punie pour son incapacité à gouverner et à régler la crise politique dans laquelle elle est engluée depuis des mois, incapable de s'entendre sur la question... de l'immigration.

UN TOURNANT POUR L'ALLEMAGNE

En 2021, cela fera 18 ans que Merkel sera au pouvoir. 18 ans...
Mais dès le mois de décembre, la Chancelière va quitter la tête de la CDU qu'elle préside depuis 2000. La combinaison des deux fonctions, chancelière et leader de la CDU, était pourtant le socle de son autorité.
Elle espère que cette décision permettra de calmer la colère des électeurs et donnera un coup de boost et de jeune à son parti pour stopper l'hémorragie électorale.
Elle prend surtout les devants pour éviter un putsch humiliant dans son propre parti, qui lui est devenu hostile, au congrès de décembre.
Reste à savoir si elle va pouvoir rester aux commandes du gouvernement sans présider le parti.

TOURNANT MONDIAL

Angela Merkel est considérée par beaucoup comme la patronne de l'Europe et l'annonce de son retrait marque sans doute un tournant pour la zone euro. Avec ce départ programmé, l'Allemagne pourrait mettre un peu de côté la gouvernance de l'Europe et être moins exigeante sur l'austérité.
Une aubaine pour les pays d'Europe du Sud comme l'Italie qui veulent à tout prix sortir de l'austérité avec des budgets de relance.
Plus inquiétant, avec le départ de Merkel, l'Europe (le monde?) risque de perdre un rempart de poids contre tous leaders populistes qui émergent des quatre coins du globe.

CROISSANCE : LE VERRE À MOITIE PLEIN

L'INSEE publie aujourd’hui sa première estimation de la croissance française au troisième trimestre. Après 6 mois de croissance atone, l'économie française a retrouvé des couleurs : la croissance atteint 0,4 % au troisième trimestre après deux trimestres à 0,2% de croissance.
Principale cause de l'embellie : la hausse du pouvoir d'achat qui se fait enfin ressentir (après une baisse de 0,5 % au premier semestre liée à la hausse de la CSG). Le pouvoir d'achat devait croître de 0,5% entre juillet et septembre puis bondir de 1,7% sur les trois derniers mois de l'année, porté par la baisse de la taxe d'habitation et la suppression du reliquat de cotisations d'assurance-chômage pour les salariés.

LE VERRE À MOITIÉ VIDE

Mais la hausse de 0,4 % est plus faible que les 0,5 % attendus par les économistes, et par l'Insee dans sa dernière note de conjoncture. Malgré le rebond de l'investissement des entreprises et de la consommation des ménages, l'investissement des ménages, pour l'essentiel les dépenses en logement neuf, a accusé sa première baisse (-0,2%) depuis le printemps 2015.
Pour atteindre l'objectif de 1,7 % du gouvernement, il faudra un PIB en hausse de 0,8 % au 4eme trimestre. Pas impossible, mais très compliqué quand même.

LA RÉFORME DE L'ÉTAT

Édouard Philippe a dévoilé hier les chantiers qui vont s'ouvrir dans plusieurs grandes administrations, dont la Justice, l’Éducation nationale et le Sport. Au programme la numérisation et la dématérialisation, le modernisation de la gestion des ressources humaines, et la création d'une agence de reconversion.
En résumé, on va supprimer des postes. Une réforme douloureuse mais nécessaire

LONDRES S'ATTAQUE AUX GAFA

Pour son dernier budget avant sa sortie (en théorie) de l'Union européenne, le Royaume-Uni a annoncé la mise en place en avril 2020 d'une taxe sur les géants du Net. Une taxe sur le chiffre d'affaires qui devrait permettre de récolter 400 millions de livres par an.
Le ministre a prévenu qu'il continuerait à travailler avec l'OCDE et le G20 pour trouver une solution internationale, quitte à ce qu'elle remplace à terme la nouvelle taxe britannique.
Le Royaume-Uni fait donc la leçon à l'UE, à cinq mois du Brexit. Joli pied-de-nez...

DU CÔTÉ DES MARCHÉS

Malgré le rebond hier du CAC 40 qui s'est rapproché des 5000 points (+0,6 % à 4990 points), Wall Street a connu hier une nouvelle séance de baisse marquée. Selon une information de Bloomberg, Washington pourrait annoncer de nouveaux droits de douane sur les importations chinois restantes début décembre si les discussions entre Donald Trump et Xi Jinping ne débouchaient sur aucun apaisement. Par ailleurs, les valeurs technologiques (Amazon, Alphabet, Netflix et Facebook notamment) poursuivaient leur chute. Le Nasdaq lâche 1,63 % et le Dow Jones 0,99 %.
Une fois n'est pas coutume, la baisse américaine impacte peu les autres marchés. La Bourse de Tokyo a fini en nette hausse ce matin (+1.45% pour le Nikkei), soutenue par des achats à bon compte et des annonces positives d'entreprises sur leurs prévisions annuelles de résultats.
Le CAC 40 a ouvert en hausse de 0,10 % à 4995 points
Le pétrole est stable, autour de 77 dollars le baril de Brent, l'Or baisse de près de 1 % à 1224 dollars l'once et l'euro lâche 0,5 % à 1,136 dollar.

ON S'EN FOUT ?

La Bourse de Sao Paulo a atteint un nouveau record historique au lendemain de la victoire à l'élection présidentielle du candidat d'extrême-droite Jair Bolsonaro : les marchés n'ont pas d'état d'âme... ; La Corse est en alerte rouge en prévision de vents violents et d'une tempête d'ampleur exceptionnelle ; Elon Musk estime que son tweet annonçant la sortie de Bourse de Tesla à 420 dollars par action, qui lui a coûté 20 millions de dollars de pénalité de la part du gendarme de Wall Street « valait le coup » ; Le dessinateur Luz fait un retour éphémère dans un numéro spécial de Charlie Hebdo, qu'il a quitté en septembre 2015 quelques mois après les attentats ; WWF dresse un bilan alarmant de l'état de santé de la Terre : 60 % des animaux sauvages (60%!!!) ont disparu en 44 ans.

VOILÀ C'EST TOUT
BONNE JOURNÉE

MAY THE FORCE BE WITH YOU

GAUTHIER MAES

Responsable Media

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