Les conditions météorologiques donnent le « la » sur le marché du blé. En effet, la canicule et la sécheresse qui frappent la Russie, le deuxième exportateur mondial de blé, et 15% de part de marché ont des conséquences catastrophiques. Environ 10 millions d’hectares de cultures ont été détruites faute de pluie, l’équivalent d’un cinquième de la récolte russe. En France, les rendements sont attendus en baisse de 55% en raison des variations extrêmes de température entre l’hiver et l’été. Mais les blés français et russe ne sont pas les seuls à souffrir de la météo. Au Canada, troisième exportateur mondial, les cultures ont été endommagées par de fortes inondations.
En conséquence, le prix du blé a flambé de plus de 35% au mois de juillet, et les volumes échangés ont tout simplement explosé. La tonne de blé pour livraison en novembre est passée de 140 à 192 euros. La semaine dernière, 50 000 lots ont été échangés en une seule journée, soit 10 fois plus que la moyenne. C’est tout simplement inédit.
La volatilité est à son paroxysme, et certains fonds d’investissements en profitent pour spéculer à la hausse. Or, la spéculation sur les matières agricoles provoque une instabilité des prix aux conséquences humaines qui peuvent être désastreuses. Ainsi, en l’espace de 6 ans, le nombre de contrat de produits dérivés sur les matières premières s’est envolé de plus de 500%. Les fonds d’investissements se défendent en expliquant qu’ils ne font que répercuter la rencontre entre l’offre et la demande.
Or, si l’on se place du coté de la demande, le développement économique des pays émergents, l’utilisation croissante des biocarburants, l’augmentation de la population mondiale, vont provoquer une envolée des matières premières sur le long terme. D’après le rapport de la FAO, les produits céréaliers devraient progresser de 15 à 40%, les produits laitiers entre 16 et 45%. La Chine, qui revendique désormais la place de deuxième économie mondiale et de premier consommateur d’énergie, aspire à développer son mode de vie. Les chinois veulent consommer plus de viande, or produire un kilo de bœuf nécessite 8 kilos de grains. La production céréalière devra donc augmenter en proportion pour satisfaire la nouvelle demande. La France, premier producteur européen de blé, aura donc une carte à jouer. Sur le court terme, pas d’inquiétude à avoir sur le blé, car les stocks sont importants. Mais ils sont inégalement répartis : En effet, les Etats-Unis détiennent la moitié du stock mondial.