La monnaie unique est au plus haut depuis 4 mois face au dollar, et s’apprécie face à l’ensemble des devises internationales. L’euro grimpe de 0.8% face au dollar, à 1.4138, en hausse également de 3.27% face au yen après l’intervention concertée des banques centrales cette nuit. L’euro s’adjuge 0.64% face au sterling, à 0.8743 et s’envole de 1.44% face au franc suisse, à 1.2797.
Plusieurs raisons expliquent ce rebond de l’euro. D’abord, l’union européenne, La France et surtout l’Espagne ont réussi à lever de la dette sur les marchés. La commission européenne a levé 4.6 milliards d’euros sur des obligations à 7 ans, offrant un coupon de 3.25%. L’opération est ressortie, à 3.257%, soit 8pdb de plus que prévu. On est proche des niveaux proposés par l’Allemagne, puisque la prime par rapport au bund est de seulement 0.45%. Autrement dit, la levée de dette de l’union européenne est de même qualité en termes de signature que le bon élève de l’Europe. De plus, la demande a rencontré un franc succès, le carnet d’ordre a atteint 15 milliards d’euros, c’est moins que lors de la précédente émission mais il fallait compter sans les Japonais, dont l’emprunt avait été souscrit à 20%.
Autre adjudication qui s’est bien passée, celle de l’Espagne qui n’a pas eu de peine à lever 4.13 milliards d’euros, à 10 et 30 ans. Pourtant, la note souveraine a été dégradée par Moody’s et le climat sur les marchés est pour le moins volatil. La levée a rencontré également un franc succès, avec un taux à 10 ans qui est ressorti 5.162% en nette baisse par rapport à janvier où le taux avait atteint 5.6%. En revanche, pour le 30 ans, le cout de financement à augmenté pour s’établir à 5.875, contre 5.498 en novembre dernier ;
Le succès de ses adjudications dans un contexte tendu a permis d’apaiser les marchés sur la crise des dettes souveraines.
Une autre raison qui puisse la tendance haussière de l’euro tient aux déclarations de Trichet qui ouvre la voie vers un relèvement d’un demi-point des taux directeurs de la BCE le 7 avril prochain afin de calmer les pressions inflationnistes. Mais les conséquences de l’enchaînement de catastrophes au Japon sont susceptibles de remettre en question la hausse promise des taux directeurs européens. Car le risque nucléaire et l’évolution de la situation change complètement la donne. Si un nuage radioactif devait paralyser l’activité à Tokyo, il est probable que les effets négatifs sur l’activité et la réaction des marchés financiers conduiraient la BCE à conserver sa politique extrêmement accommodante. Elle pourrait même renforcer ses opérations exceptionnelles de gestions des liquidités interbancaires. Si, à l’inverse, les autorités parviennent à empêcher la fusion du réacteur et à normaliser la situation dans les prochains jours, les conséquences négatives, économiques et financières, seront plus limitées et la BCE pourra faire passer à l’acte
Enfin, autre conséquence du séisme sur le marché des changes. La flambée du yen, et la forte volatilité que l’on observe sur la monnaie nippone, qui a été propulsé au plus haut depuis la seconde guerre mondiale face au billet vert, à 76.25. Cette envolée du yen, qui aurait pu être dramatique pour les exportations nipponne a nécessité l’intervention commune du G7 sur le marché des changes pour contrer la flambée du yen. Preuve qu’une intervention concertée des banques centrales peut être efficace dans un premier temps et d’autre part, qu’elles peuvent contrer les anticipations des marchés, convaincus que beaucoup d’institutionnels vont rapatrier les actifs détenus à l’étranger pour financer la reconstruction du pays.