Dans un contexte d’apaisement sur le front de la crise des dettes souveraines, les ministres des finances de l’euro groupe se réunissent ce lundi pour discuter de l’utilité d’un renforcement du fonds européen de stabilité financière.
Depuis quelques temps maintenant, les voix appellant à un renforcement de la capacité d’intervention du fonds de stabilité financière se multiplient, mais les avis divergent sur le calendrier. Certains estiment que cette question doit porter sur le futur mécanisme européen de stabilité qui remplacera l’actuel FESF en 2013. D’autres experts estiment que les marchés n’attendront pas 2013, d’autant plus que les besoins de refinancement des dettes publiques déjà colossaux, vont augmenter dans l’année à venir.
En effet, selon le FMI, la Grèce, Irlande, Portugal et Espagne vont devoir lever 328 milliards d’euros en 2011, dont une grande partie dans les six premiers mois de l’année. Ajoutez l’Italie et vous obtenez 700 milliards d’euros. Dans ce contexte, il parait compréhensible que nombres de hauts dirigeants ait appelé à augmenter le Fonds de stabilité financière européenne (FESF) qui peut fournir jusqu’à 440 milliards.
Or, pour bénéficier de la meilleure note, le fameux triple AAA des agences de notation, le FESF ne peut prêter au total qu’environ 250 milliards d’euros. A titre de comparaison, l’Espagne à elle seule devra lever 205 milliards d’euros en 2011 afin d’honorer ses échéances. Et si le spectre d’une contagion de la crise des dettes souveraines revenait sur le devant de la scène, le FESF pourrait ne pas suffire pour apaiser la défiance des marchés. De plus, la taille du fonds a été établie exclusivement en fonction des besoins de financements connus des états. Mais selon Willem Buiter, économiste en chef de citigroup, « des besoins additionnels de financements, du fait de la fragilité de la situation des banques européennes seront nécessaires. »
Un seul exemple pour illustrer les défis à relever du FESF. Le stock de la dette privée et publique espagnole détenue par les citoyens et les banques des autres pays membres de la zone euro atteint presque 500 milliards d’euros. Autrement dit, l’Espagne est trop grosse pour être renflouée. Un plan de sauvetage de cette ampleur pourrait provoquer une crise bancaire, et représenter un point de non-retour pour la survie de l’euro.
Pour éviter ce scénario catastrophe, l’Europe doit envoyer un signal clair aux marchés, un message à dominante psychologique destiné à apaiser les marchés, décourager les spéculateurs, et dont la priorité absolue est de ramener la confiance sur la question des dettes souveraines. Cela peut passer par le renforcement de la capacité du FESF, par la création d’eurobunds, au final peu importe, tant que le spectre d’une contagion auto-réalisatrice de la crise des dettes souveraines s’arrête aux portes de l’Irlande.