L’agence Standard and Poor's a annoncé qu'elle avait abaissé d'un cran la note de l'Italie, en raison des faibles perspectives de croissance, qui vont compliquer la réduction du déficit et de la dette, et de la fragilité de la majorité de Silvio Berlusconi
La note de la dette à long terme a été abaissée de A+ à A, tandis que la note à court terme de A-1+ à A-1. La perspective de ces notes est "négative", ce qui signifie que l'agence d'évaluation financière envisage encore de les abaisser.
Standard and Poor's est la première agence à dégrader la note de l'Italie, qui avait été épargné jusqu’à présent par les trois agences de, contrairement à celle des autres pays fragiles de la zone euro, ce qui alimente le spectre d’une contagion.
Sous la pression des marchés depuis un mois, l’Italie a adopté un plan d'austérité draconien de 54,2 milliards d'euros devant permettre au pays de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013 et de réduire sa dette colossale qui atteint un nouveau record absolu à 1 900 milliards d'euros, soit 120 % de son PIB.
Ce nouveau plan, dont pas moins de trois versions ont été rédigées ces dernières semaines, avait été annoncé en urgence début août, en échange du soutien de la Banque centrale européenne sur le marché obligataire. L’intervention de la BCE permettait de maintenir les taux d’intérêt sous les 6%, seuil à partir duquel la gestion de la dette devient périlleuse. Ce plan est venu compléter les mesures d'austérité, votées en juillet de 47,5 milliards d'euros. Mais ce tour de vis n'a toutefois pas permis à l'Italie de rassurer les investisseurs qui doutent de la détermination du gouvernement à mettre en œuvre ces mesures.
S&P justifie sa décision par "l'affaiblissement des perspectives de croissance de l'Italie" ainsi que par "la fragilité de la coalition au pouvoir et les divergences politiques au Parlement (qui) vont probablement continuer de limiter la capacité de l'Etat à répondre de manière décisive à un environnement macroéconomique difficile sur le plan intérieur et extérieur".
Alors que la croissance est structurellement faible en Italie, l'affaiblissement de la demande extérieure en raison du ralentissement économique mondial, les mesures d'austérité et la "pression sur les coûts de financement" vont en effet entraîner une croissance "plus faible" que celle estimée auparavant, selon l'agence.
Dans son scénario le plus pessimiste Standard and Poor's table même sur une nouvelle "récession" en 2012 en Italie, avec un recul du PIB de 0,6 %, avant une "modeste reprise" en 2013 et 2014. Conséquence de ces sombres prévisions économiques, les objectifs de réduction du déficit et de la dette fixés par le gouvernement seront "difficiles à atteindre", selon l'agence de notation, qui ne pense pas que toutes les économies prévues pourront être réalisées. Par ailleurs, selon Standard and Poor's, les autorités italiennes "restent réticentes" à adopter des réformes structurelles ambitieuses afin de relancer la croissance.
La Banque d'Italie prévoit, quant à elle pour 2011, une croissance du produit intérieur brut du pays inférieure à 1 %. L'Istat, l'institut national de statistique italien, est encore plus pessimiste, estimant que la croissance ne devrait pas dépasser 0,7 % en 2011. Si la péninsule pâtit de la mauvaise conjoncture mondiale, elle fait également face à des difficultés structurelles, qui amputent le potentiel de croissance.