Veolia Environnement commence mal, très mal cette nouvelle séance. L’action chute de plus de 3% à 11,50 euros et se retrouve lanterne rouge du CAC 40.
C’est que le Marché n’apprécie guère les informations relayées ce matin par quotidien ‘Les Echos’, selon lesquelles le groupe pourrait reprendre directement les actions de la compagnie maritime SNCM qui assure la liaison avec la Corse. D’autant plus que le quotidien économique ajoute que la SNCM est jugée "atypique et encombrante" à cause des déboires économiques et sociaux qui rythment son activité.
Cette reprise serait destinée à faciliter la réorganisation de sa filiale de transports publics Transdev dont il veut se défaire. En attendant, rien d’officiel en soi. Il faudra attendre une réunion ce matin entre le président du conseil de surveillance de la SNCM, Gérard Couturier, et le PDG de Veolia, Antoine Frérot, au siège de Veolia à Paris, pour connaître le verdict.
Pour mémoire, Veolia Environnement est déjà présent indirectement au capital de la SCNM, via Transdev dont il est actionnaire paritaire avec la Caisse des dépôts (CDC). Veolia Transdev détient ainsi 66% du capital de la SNCM.
Mais la volonté du spécialiste des services aux collectivités de se désengager de Transdev ne date pas d’hier. Détenu à partite avec la Caisse des dépôts, l’activité transport n’intéresse plus Veolia.
Plusieurs pistes avaient été évoquées. Début 2011, Veolia envisageait une scission de Transdev à travers une introduction en Bourse d’ici 2012. Quelques mois plus tard, en l’entrée en Bourse avait été repoussée au moins jusqu'à mi-2012. Presque un an plus tard, changement de programme. Les deux avertissements sur résultats étaient passés entre temps par là. Le 1er mars exactement, il a été annoncé que la participation de 50 % dans Veolia Transdev sera vendue en partie ou en totalité d'ici à la fin de l'année. Cela permettra de déconsolider 900 millions d'euros de dettes nettes.
Veolia Environnement a réalisé au terme de son exercice 2011 un chiffre d'affaires consolidé de 29,647 milliards d'euros, pour un résultat opérationnel de 1,02 milliard d’euros (-48,6%) et une perte nette part du groupe de -489,8 millions d’euros, après un résultat net bénéficiaire à hauteur de 558,5 millions d’euros un an avant.
Une performance annuelle qui n’étonne guère. Les résultats semestriels du groupe avaient mis le Marché au parfum. C’st que la première partie du millésime 2011 s’était soldée par un résultat net dans rouge à -67,2 millions d’euros, conséquence de lourdes dépréciations exceptionnelles d’un montant de 686 millions d’euros.
Alors, la tête d’Antoine Frérot avait été "mise à prix" au début de l’année 2012. En février, plus précisément plusieurs administrateurs de Veolia Environnement, dont le PDG d'EDF Henri Proglio avait explicitement montré leur souhait de voir le capitaine de Veolia Environnement être débarqué. Plusieurs membres du conseil d'administration avait mettent en cause la stratégie suivie pour redresser l'entreprise, dont l'action a chuté de plus de 60% l'an dernier et qui a signé en 2011 deux avertissements sur résultats.
Lors du second, Veolia était tombé à un plus bas de deux ans à 15,80 euros en juillet avant de retomber sur ses plus bas de 5 ans à 10,97 euro en séance du 5 août 2011! Le Marché ne savait plus sur quel pied danser, ni quel nouvelle digérer en premier….Soit les piètres performances du groupe aux services aux collectivités ou bien la déferlante de dégradations d’analystes ? Mais la glissade ne n’est pas arrêtée en si bon chemin. Bien au contraire…En novembre dernier, Veolia plonge sous les 9 euros en bourse après avoir prévenu le Marché que son résultat opérationnel récurrent pourrait baisser de près de 13% par rapport à 2010.
Mais demain est un autre jour. Le titre du spécialiste des services aux collectivités avait commencé l’année 2012 en tête du CAC 40 après avoir signé la plus mauvaise performance de l’indice vedette parisien 2011. Dès décembre 2011, un programme de restructuration a avait été annoncé. Il passant par d'importants désengagements de façon à assainir le bilan. Depuis le premier janvier, le titre progresse de 36%, ce qui prouve qu’Antoine Frerot a réussi son pari, celui de convaincre les investisseurs du bien fondé de sa stratégie. Le mois dernier, à l’occasion de la publication de ses comptes annuels, le groupe a confirmé son plan d'efficacité de réduction de coûts de 250 millions d'euros par an, qui sera même poussé à 300 millions d’euros en 2013. Ce Plan de Convergence devrait venir impacter favorablement, d'au moins 150 millions d’euros en 2013, le résultat opérationnel de Veolia Environnement. Un dégraissage plus que nécessaire si le capitaine Frérot souhaite rester à la barre du paquebot Veolia.