La marché du cloud computing, traduisez « l'informatique dans les nuages » ne connait pas la crise. Depuis 2009, cette innovation qui consiste à stocker l'information sur des serveurs distants plutôt que sur des serveurs locaux connait une croissance exponentielle.
Le concept repose sur le fait que les applications et les données ne se trouvent plus sur l'ordinateur local, mais dans un « nuage » (cloud), composé de serveurs distants interconnectés par une bande passante. Les entreprises et les utilisateurs peuvent ainsi accéder à leurs données confidentielles et à de nombreux services en ligne sans avoir à gérer l'infrastructure sous-jacente, souvent complexe et onéreuse.
Depuis 3 ans, ce marché est en pleine phase de décollage. Cette année, 66 % des éditeurs français anticipent une augmentation des dépenses dans le cloud contre 40 % seulement en 2010 et 64 % en 2011.
De quoi susciter des vocations, et même des alliances stratégiques pour obtenir sa part du gâteau. Après le partenariat entre Orange et Thales annoncé le 20 avril dernier, c'est au tour de SFR d'officialiser son alliance avec le groupe informatique Bull pour le déploiement d'une infrastructure de « cloud computing ». L'Etat français apportera son soutien au projet à travers une participation financière de 75 millions d'euros via la Caisse des Dépôts (CDC).
Cette alliance capitalistique entre SFR et Bull donnera naissance à une co-entreprise à vocation française et européenne qui sera dotée d'un capital de 225 millions d'euros. Plus précisément, SFR sera actionnaire à hauteur de 47 %, Bull aura une participation de 20% tandis que le tiers restant sera détenu par la CDC.
« Le projet combine les expertises et les compétences du 1er opérateur alternatif d'Europe à celles d'un des leaders européens des systèmes numériques critiques. SFR et Bull ont conçu Andromède comme un écosystème ouvert qui a vocation à définir les plus haut standards de sécurité et à accueillir l'ensemble des acteurs de l'informatique, de la sécurité, des télécoms et de l'informatique, ainsi que les jeunes pousses innovantes » détaillait le communiqué.
D'ici à 2016, le chiffre d'affaires réalisé par cette nouvelle entité pourrait s'élever à 500 millions d'euros. L'objectif est de devenir un acteur incontournable sur ce marché estimé à 3 milliards d'euros en France à cet horizon. La concurrence promet d'être rude puisque ce projet vient directement concurrencer le projet baptisé « Andromède », initié par un autre opérateur télécoms, Orange, et le groupe Thales, auquel l'Etat s'est aussi associé avec une participation de 33 % de la Caisse des Dépôts, sur un investissement total de 225 millions d'euros.
Une concurrence jugée saine, qui permettrait d'améliorer la compétitivité des offres dans l'optique de rivaliser avec les groupes américains. Ce projet de « cloud computing » à la française n'a d'ailleurs pas manqué d'irriter le géant américain IBM dont l'activité « cloud « devrait peser 7 milliards de dollars dans le chiffre d'affaires du groupe d'ici 2015. Le patron de la filiale française d'IBM dénonce une « distorsion de concurrence à travers le partenariat public-privé (...) qui fait supporter des investissements technologiques par les contribuables.» Une chose est sure, la bataille du cloud est lancée, et la concurrence promet d'être sans pitié.
