Vaut-il mieux jouer la poursuite de rebond de l'€/$ ,ou profiter de ce rebond pour se positionner à la baisse en jouant le retour de la tendance de fond? J'aurais tendance à choisir plutôt la deuxième solution,en prenant toutefois un produit à barrière éloignée pour pouvoir " patienter " en cas de poursuite de la tendance actuelle,mais à vous lire,vous semblez plus tenté par la premiere. La plupart des analystes restent bear,mais il est vrai qu'à 1,05$ ils voyaient l'euro aller jusqu'à la parité et même moins! Quant aux bull,et selon le même principe,avec un euro à 1,12 ,ils l'anticipent desormais à 1,2. Mon avis tient plutôt au fait que: 1) Le risque grec n'est pas pris en compte.2) Les récents mauvais résultats américains du premier trimestre sont habituels sur les dernières années et régulièrement démantis sur les mois suivants.3) Des oiseaux de mauvais augures nous annoncent un krach monstre pour 2015: si c'était le cas ,le dollar jouerait son rôle de monnaie refuge .4) Toujours dans l'hypothèse d'une nouvelle crise, il faut bien que les US remontent d'abord leurs taux pour ,comme réponse ,pouvoir ensuite les baisser.5) Autant les US nous ont habitué à des performances économiques dynamiques,autant en Europe c'est la mollesse qui a toujours prévalu.6) Même avec ce dynamisme ,il aura fallu 3 QE aux États Unis,ce qui laisse présager l'insuffisance de l'action actuelle de la BCE, et sans doute de futures actions à venir. 7) Enfin,la situation de l'€/$ n'est pas sans me rappeler celle du ¥/$: une baisse de 25% sur un an,une stabilisation/reprise technique pendant quelques mois,puis une nouvelle baisse de 25% la deuxième année, soit 50% en tout. Actuellement ,l'euro n'a somme toute baissé que de 20%. Quels sont vos arguments pour jouer une poursuite de rebond? Tel le pétrole dont les cours ne semblent pas prêts de revoir les 110$,ni même peut- être les 80$ qui correspondraient à la récupération de 50% de la chute,l'euro ne paraît pas prêt de revenir à 1,4$ ou même 1,2$ (50% de la baisse ).
Bonjour Lilian,
A la question faut-il se positionner à la baisse en jouant le retour de la tendance de fond, on peut dire que le consensus (qui voyait la parité) a eu tort… pour l’instant. Quant à savoir s’il s’agit d’un simple rebond technique ou d’un véritable inversement de tendance, bien malin qui peut le dire. Sur le risque grec, oui le marché l’a pris en compte, mais le risque d’une faillite ou d’un Grexit n’est pas entièrement pricé dans le taux de change euro-dollar. Quant aux mauvais résultats du T1 aux USA, si le dollar continue de monter, cela va continuer de plomber les bénéfices des entreprises… même si les analystes révisent leurs prévisions de bpa à la baisse pour le S2, on peut encore craindre de mauvaises surprises. Mais l’élément déterminant pour essayer d’anticiper l’évolution du taux de change euro dollar, c’est vraiment la divergence des politiques monétaires des banques centrales. Comme vous l’avez dit, Il y a un vrai consensus sur la fin du QE aux USA. Et c’est justement l’anticipation d’un relèvement des taux directeurs (en juin ou septembre) qui a déclenché la hausse fulgurante du billet vert. Le consensus est fort sur ce point. Mais si l’économie américaine faiblit et que les résultats des entreprises sont mauvais, alors cela pourrait inciter la Fed à garder ses taux à zéro plus longtemps que prévu. Et ce scenario, le marché ne l’a pas du tout envisagé. Le dollar reculerait alors fortement. En Europe c’est l’inverse, l’accélération de la croissance et l’absence de déflation font craindre aux opérateurs que la BCE ne mette un terme plus tôt que prévu à son QE. C’est ce qui explique la correction des indices boursiers cette semaine et le rebond de l’euro. Si les anticipations d’inflations (à 5 ans) parviennent à s’ancrer solidement autour des 2% alors il y a de forte chances que la BCE réduise la taille de ses rachats d’actifs ou arrête son programme avant septembre 2016. L’euro pourrait alors remonter fortement.
Enfin vous avez entièrement raison de faire le parallèle avec le mouvement sur le dollar-yen, à la différence près que la chute du yen était un objectif officiel de la BOJ pour relancer son économie contrairement à la BCE qui n’a pas de légitimité pour définir les taux de changes. Mais les objectifs (relancer l’économie et l’inflation) comme les moyens utilisés pour les atteindre (baisse de la monnaie) sont strictement identiques entre la BCE et la BOJ.